Si je n’aimais que toi en toi
Si je n’aimais que toi en toi
Je guérirais de ton visage,
Je guérirais bien de ta voix
Qui m’émeut comme lorsqu’on voit,
Dans le nocturne paysage,
La lune énigmatique et sage,
Qui nous étonne chaque fois.— Si c’était toi par qui je rêve,
Toi vraiment seul, toi seulement,
J’observerais tranquillement
Ce clair contour, cette âme brève
Qui te commence et qui t’achève.Mais à cause de nos regards,
À cause de l’insaisissable,
À cause de tous les hasards,
Je suis parmi toi haute et stable
Comme le palmier dans les sables;Nous sommes désormais égaux,
Tout nous joint, rien ne nous sépare,
Je te choisis si je compare;
— C’est toi le riche et moi l’avare,
C’est toi le chant et moi l’écho,
Et t’ayant comblé de moi-même,
Ô visage par qui je meurs,
Rêves, désirs, parfums, rumeurs,
Est-ce toi ou bien moi que j’aime?
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Anna de NOAILLES
La comtesse Anna-Élisabeth de Noailles, née princesse Bibesco Bassaraba de Brancovan, est une poétesse et romancière française, d’origine roumaine, née à Paris le 15 novembre 1876 et morte à Paris le 30 avril 1933. Née à Paris, descendante des familles de boyards Bibescu et Craioveşti de Roumanie, elle est la fille du... [Lire la suite]
- Moi seule je connais ta langoureuse allure
- Nous t'avons bien redouté
- Parce que dès l'enfance et d'instinct tu...
- Certes j'aime ce que je pense
- Je n'ai besoin, de toi, que toi-même! sans...
- Si tu rencontrais par moment
- Ce n'est peut-être pas le tribut que...
- Nos maux nous ont tués; si nous vivons encor
- Si j'apprenais soudain que, triste,...
- Je ne puis jamais reposer
- La jeunesse (3)
- Tu as ta force, j'ai ma ruse (3)
- L'amour, vorace et triste, en son humble... (3)
- Le Jardin et la Maison (2)
- Le Cœur (2)
- Le Temps de vivre (2)
- J'ai travesti, pour te complaire (2)
- Que crains-tu ? L'excès ? l'abondance (2)
- Pourquoi ce besoin fort et triste (2)
- On est bon si l'on est tranquille (2)
Je trouve ce poème fabuleux