Seul!
Un jour, errant, perdu dans un désert sans borne,
Un pâle voyageur cheminait lentement;
Autour de lui dormait la solitude morne,
Et le soleil brûlait au fond du firmament.Pas une goutte d’eau pour sa lèvre en détresse!
Pas un ombrage frais! pas un souffle de vent!
Nulle herbe, nul gazon; et la plaine traîtresse
N’offre à son pied lassé que du sable mouvant.Il avance pourtant; mais la route s’allonge;
Il sent à chaque pas son courage tarir;
Un sombre désespoir l’envahit quand il songe
Qu’il va falloir bientôt se coucher pour mourir.Il se roidit en vain sous le poids qui l’accable;
Il marche encore, et puis s’arrête épouvanté;
Sur son sein haletant, cauchemar implacable,
Il sent avec effroi peser l’immensité!Fatigué de sonder l’horizon qu’il implore,
Sans force, il tombe enfin sur le sable poudreux;
Et son regard mourant semble chercher encore
Les vertes oasis et leurs palmiers ombreux.
Voyageurs égarés au désert de la vie,
Combien de malheureux, vaincus par la douleur,
Dans leur illusion sans cesse poursuivie,
Meurent sans avoir vu l’oasis du bonheur!
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Louis-Honoré FRÉCHETTE
Louis-Honoré Fréchette (16 novembre 1839 – 31 mai 1908), poète, dramaturge, écrivain et homme politique, est né à St-Joseph-de-la-Pointe-Lévy (Lévis), Québec, Canada. Bien que son père, entrepreneur, soit analphabète, il étudie sous la tutelle des Frères des écoles chrétiennes. De 1854 à 1860, il fait ses études... [Lire la suite]
Nef de huit tonneaux
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Voyez ce frêle esquif, et observez qu'il s'orne
De huit tonneaux de bois, entassés sur le pont :
L'équipage, formé de deux ou trois fripons,
S'en va quérir du vin, traversant l'eau sans bornes.
Quands les fûts seront pleins, quel moment d'allégresse !
Quel retour bienheureux, poussés par un bon vent
Grâce auquel on les voit vivement se mouvant,
Sans éprouver la peur de la vague traîtresse.
-- Vous avez le nectar de vos vieilles nations ;
Pourquoi vouloir en prendre aux vignes si lointaines ?
-- Nous préférons celui de la quête incertaine :
Le vin de poésie, le vin d'inspiration.
le vin vain de la transpiration!
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2015/04/16/nef-de-huit-tonneaux/