Sémiramis
Elle ne voulut jamais se marier légitimement, afin de ne pas être privée de la souveraineté ; mais elle choisissait les plus beaux hommes de son armée, et, après leur avoir accordé ses faveurs, elle les faisait disparaître.
Diodore de Sicile, Livre II. Trad. Ferdinand Hoefer.
Sémiramis, qui règne et dont la gloire éclate,
Mène après elle, ainsi que le ferait un Dieu,
Les rois vaincus ; on voit dans une mer de feu
Les astres resplendir sur sa robe écarlate.Attentive à la voix du fleuve qui la flatte,
Elle écoute gémir et chanter le flot bleu,
En traversant le pont triomphal que par jeu
Sa main dominatrice a jeté sur l’Euphrate.Or, tandis qu’elle passe, humiliant le jour,
Un soldat bactrien murmure, fou d’amour :
« Je voudrais la tenir entre mes bras, dussé-je,Après, être mangé tout vivant par des chiens ! »
Alors Sémiramis, la colombe de neige,
Tourne vers lui son front céleste et lui dit : « Viens ! »
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Théodore de BANVILLE
Etienne Jean Baptiste Claude Théodore Faullain de Banville, né le 14 mars 1823 à Moulins (Allier) et mort le 13 mars 1891 à Paris, est un poète, dramaturge et critique français. Célèbre pour les « Odes funambulesques » et « les Exilés », il est surnommé « le poète du... [Lire la suite]
Rhapsode exalté
--------------------
En évoquant l'amour et la mort, tu t'éclates,
Banville, noble barde, et tu te fais un jeu
De nous montrer la reine allumant, comme un feu,
Le ravageur désir dans un coeur écarlate.
Sous ta plume, qui l'orne, et doctement le flatte,
Cupidon s'applaudit d'être le meilleur dieu
Qui oncques n'ait plané sur un fond de ciel bleu,
Ainsi que ton écrit justement le relate.
Le soldat, cependant, voit décliner le jour ;
Il commence à douter du pouvoir de l'amour
Et même, osons le dire, à soupçonner un piège.
Ils salivent déjà en gémissant, les chiens,
Tandis qu'au sanctuaire où l'immolateur siège,
Moloch se réjouit de l'offrande qui vient.