Poème 'Saule pleureur' de Raymond RADIGUET

Saule pleureur

Raymond RADIGUET

Il perd ses plumes perd ses larmes
Comme un coeur se vide de larmes
L’arrosoir a perdu ses plumes

Éventail au soleil fané
Loterie des mois des années
Dans l’allée le sable s’enroue
Où mon chagrin fera la roue

Jardin faut-il que tu t’en ailles
Et l’été de cet éventail
Secondé par mon petit doigt
Qui chatouille un bouton de rose
Effronté sans pourtant qu’il ose
Trop presser son éclosion

Après s’être bien amusée
La rose rentre en son cocon
La rose revêt sa chemise
Et tout est à recommencer

Et les outils dans la remise
Ensemble-jardin se lamentent
L’arrosoir voudrait sur l’amante
Verser des larmes mais la bêche
N’a pas retrouvé cette espiègle
Qui se cache sous l’herbe sèche

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Commentaires

  1. J'égratigne ma chair aux épines des roses
    En marchant, tout distrait, dans mon jardin, le soir.
    Jardin à l'abandon, seule la pluie l'arrose,
    Certains endroits pourtant sont toujours beaux à voir.
    *
    L'herbe en se flétrissant n'est pas au désespoir,
    Blonde et inanimée au sol elle repose.
    Les vitres du salon deviennent des miroirs
    Où un autre jardin d'autres fleurs se compose.
    *
    Le ciel de ce dimanche est un beau ciel d'été,
    Un ciel pour gens heureux (et nous l'avons été
    Au moins quelques instants, échangeant des paroles) ;
    *
    Soyons heureux ce soir, demain il fera jour,
    L'hirondelle en allée ne revient pas toujours,
    Mais soyons fous un peu, car cette vie est folle.

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