Sacrés murs du Soleil où j’adorais Philis…
Sacrés murs du Soleil où j’adorais Philis,
Doux séjour où mon âme était jadis charmée,
Qui n’es plus aujourd’hui sous nos toits démolis
Que le sanglant butin d’une orgueilleuse armée;Ornements de l’autel qui n’êtes que fumée,
Grand temple ruiné, mystères abolis,
Effroyables objets d’une ville allumée,
Palais, hommes, chevaux ensemble ensevelis;Fossés larges et creux tout comblés de murailles,
Spectacles de frayeur, de cris, de funérailles,
Fleuve par où le sang ne cesse de courir,Charniers où les corbeaux et loups vont tous repaître,
Clairac, pour une fois que vous m’avez fait naître,
Hélas! combien de fois me faites-vous mourir!
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Théophile de VIAU
Théophile de Viau, né entre mars et mai 1590 à Clairac et mort le 25 septembre 1626 à Paris, est un poète et dramaturge français. Poète le plus lu au XVIIe siècle, il sera oublié suite aux critiques des Classiques, avant d’être redécouvert par Théophile Gautier. Depuis le XXe siècle, Théophile de Viau est défini... [Lire la suite]
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Au pied du mur
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Cinq éléphants de sable, en ce printemps joli,
Par la beauté du monde ont leur âme charmée ;
Ils marchent lentement sur le pavé poli,
Brigade dérisoire, insignifiante armée.
Un mur barre soudain cette route embrumée ;
Leur plaisir vagabond n'en est pas aboli,
Leur soif de renouveau n'en est pas consumée,
Leur goût de flânerie n'est pas enseveli.
-- Nous pouvons, à nous cinq, franchir cette muraille !
-- Compagnons, sur mon dos, montez, vaille que vaille !
-- Plus haut... Il manque encore un peu, pour le franchir.
-- Ce mur n'a pas de porte, et non plus, de fenêtre.
-- Donc, sur notre succès, un doute pourrait naître,
Mais point d'affolement, nous allons réfléchir.