Rondeau de la suffisance
Des vers d’amour, j’en ai rarement fait.
Je ne sais pas murmurer : « Je t’adore »
En rythmes doux, qu’inspiré, l’on décore
Des mots subtils, par lesquels est parfait
Le très cher lien, qui toujours, veut éclore.Je crois qu’un jour, Daudet vit le préfet,
Dans un grand bois, consommer le forfait
De mal rimer — je dis ce qu’on ignore —
Des vers d’amour.Je produirais sûrement mon effet
Si j’en faisais, mais je suis satisfait
De mes succès de brillant matamore…
Quand je serai le vieux beau qu’on honore,
J’ouvrerai pour un minois stupéfait
Des vers d’amour.
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Paul ÉLUARD
Paul Éluard, de son vrai nom Eugène Émile Paul Grindel (14 décembre 1895 à Saint-Denis – 18 novembre 1952 à Charenton-le-Pont ), est un poète français. C’est à l’âge de vingt et un ans qu’il choisit le nom de Paul Éluard, hérité de sa grand-mère, Félicie. Il adhère au dadaïsme et est l’un des... [Lire la suite]
Le jardin et la croix, la plume et l’encrier,
La salle et le comptoir, les grands auteurs de France :
De ces quatre propos mon vers tire substance,
Dans ces quatre sections, mes sonnets sont triés.
Le jardin est celui qui vit Adam prier,
La plume au fil des jours me conduit en errance,
La salle est au conteur dans son exubérance,
Les auteurs vont cherchant les mots appropriés.
Tu dis que j’ai produit quelques vers déchirants
Que l’on doit regrouper en un lieu différent,
D’amour que refroidit le regard de Saturne ;
Il est vrai que jadis ma plume a pu nourrir
Cette étrange passion qui naquit pour mourir :
Sur ce thème, aujourd’hui, je deviens taciturne.