Rimes du coeur
De ce temps si vite passé
Rien n’est resté à la patience.Je n’eus pas le temps d’y penser
Ni de faire un traité d’alliance
J’ai tout pris et tout dépensé.Chaque plaisir, chaque malaise
Trouvaient les mots qui font pâlir.Rimes du cœur sous les mélèzes,
La forêt comprend le désir
Et pleurait pour que mieux je plaise.J’ai pris le rire en sa saison
Quand il venait en avalanche.Quand parfumés de déraison
S’ouvraient les jasmins à peau blanche
J’acceptais la comparaison.Il faisait bon si j’étais bonne
Meilleur si je faisais semblant.Les vœux qu’on ne dit à personne
Éveillés par le cri des paons
Chantaient au remords qui fredonne.La neige tombe, ohé ! traîneau
Je vais partir en promenade.La neige anoblit mon manteau
Je suis la reine des nomades
Dans mon lit à quatre chevaux.Je suis la reine sans coutumes
Qui connaît tous les jeux anciens.La parole était mon costume
Et la lune mon petit chien
Jaloux d’un astre qui s’allume.Une larme au bord de mes cils
Je dois poursuivre mon voyage.Beau château restez de profil,
Pour rebroder vos personnages
Je prends mon aiguille et mon fil.Le bonheur est un invalide
Qui passe en boitant comme moi.Il n’a pas l’épaule solide
Mais je sais ce que je lui dois :
Mon cœur est plein, j’ai les mains vides.1945
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Louise de VILMORIN
Louise Levêque de Vilmorin, dite Louise de Vilmorin, est une écrivaine française née le 4 avril 1902 à Verrières-le-Buisson (Essonne) où elle est morte le 26 décembre 1969. Née dans le château familial d’une célèbre famille de botanistes et grainetiers, elle se fiance en 1923 à Antoine de Saint-Exupéry mais épouse... [Lire la suite]
Du pays de mémoire un chant m'est parvenu
Qui date de ce temps où je courais ma chance
En allant t'admirer, à ta porte, en silence,
Mon âme était brûlante et mon coeur était nu.
D'où vient que de cet air je me suis souvenu?
La mémoire a parfois d'étranges turbulences
Et l'esprit au travers des temps anciens s'élance
Dont il n'était, pour vrai, pas même revenu.
Toi qui ne sais trancher entre veilles et songes
Car chacun de ces deux dans l'autre se prolonge,
Chacun des deux reprend de l'autre les tracas,
Ma vie, ne te prends pas pour une tragédie,
Tu seras un pastiche ou une parodie,
Un paisible chemin vers un banal trépas.