Rhythme des vagues
À Luigi Gualdo.
J’étais assis devant la mer sur le galet.
Sous un ciel clair, les flots d’un azur violet,
Après s’être gonflés en accourant du large,
Comme un homme accablé d’un fardeau s’en décharge,
Se brisaient devant moi, rhythmés et successifs.
J’observais ces paquets de mer lourds et massifs
Qui marquaient d’un hourrah leurs chutes régulières
Et puis se retiraient en râlant sur les pierres.
Et ce bruit m’enivrait ; et, pour écouter mieux,
Je me voilai la face et je fermai les yeux.
Alors, en entendant les lames sur la grève
Bouillonner et courir, et toujours, et sans trêve
S’écrouler en faisant ce fracas cadencé,
Moi, l’humble observateur du rhythme, j’ai pensé
Qu’il doit être, en effet une chose sacrée,
Puisque Celui qui sait, qui commande et qui crée,
N’a tiré du néant ces moyens musicaux,
Ces falaises aux rocs creusés pour les échos,
Ces sonores cailloux, ces stridents coquillages,
Incessamment heurtés et roulés sur les plages
Par la vague, pendant tant de milliers d’hivers.
Que pour que l’Océan nous récitât des vers.
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François COPPÉE
François Édouard Joachim Coppée, né le 26 janvier 1842 à Paris où il est mort le 23 mai 1908, est un poète, dramaturge et romancier français. Coppée fut le poète populaire et sentimental de Paris et de ses faubourgs, des tableaux de rue intimistes du monde des humbles. Poète du souvenir d’une première rencontre... [Lire la suite]
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Hommage à Liliana Negoi
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Le sombre flot sur la pierreuse grève,
La lune inerte et qui ne le suit point ;
Le flot se brise et se défait sans trêve,
Dentelle ornée d'écume, à petit point.
Écho de vague au coeur de la nuit brève,
Chant de sirène à la douleur qui point ;
En insomnie, je refoule mes rêves,
Dessous ce flot je les scelle avec soin.
L'écume vient d'un passé révolu,
Frappant le bord d'un coeur irrésolu ;
Dépoussiérant des larmes invisibles.
Larmes sur mon visage minéral,
Noir flot sculptant mon désarroi moral,
Cette dentelle est pensée inaudible.