Rêves
Poser sa tête sur un oreiller
Et sur cet oreiller dormir
Et dormant rêver
À des choses curieuses ou d’avenir,Rêvant croire à ce qu’on rêve
Et rêvant garder la notion
De la vie qui passe sans trêve
Du soir à l’aube sans rémission.Ceci est presque normal,
Ceci est presque délicieux
Mais je plains ceux
Qui dorment vite et mal,Et, mal éveillés, rêvent en marchant.
Ainsi j’ai marché autrefois,
J’ai marché, agi en rêvant,
Prenant les rues pour les allées d’un bois.Une place pour les rêves
Mais les rêves à leur place.
1936
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Robert DESNOS
Robert Desnos est un poète français, né le 4 juillet 1900 à Paris et mort du typhus le 8 juin 1945 au camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie à peine libéré du joug de l’Allemagne nazie. Autodidacte et rêvant de poésie, Robert Desnos est introduit vers 1920 dans les milieux littéraires modernistes et... [Lire la suite]
Maréchal nonchalant
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J'étais grand maréchal, mais j'aimais trop dormir ;
Un matin, pour ne pas sortir d'un joli rêve,
Au pays du sommeil je suis resté, sans trêve,
L'armée, de mon renfort, n'a pas pu s'affermir.
Tous ont dit que j'avais saboté ma mission ;
Mais relativisons, Messieurs cette notion !
Livres trouvés
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Une boîte à livres suffit
Pour qui veut aller à la pêche ;
Car ces divers bouquins m’allèchent,
Dont je ne sais qui se défit.
Nul vendeur n’en tire profit,
Aucun besoin d’oseille fraîche ;
C’est tout près des lieux où je crèche,
Le trajet n’est pas un défi.
Je prends ceux qui me font envie,
Ce sont les plaisirs de ma vie ;
Chaque ouvrage est un univers.
J’aime surtout ceux des poètes,
Car je leur pique leurs recettes ;
Cela réchauffe mon hiver.
Particule qui rêve
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Mes songes me disent le vrai,
Eux qui m’enseignent la morale ;
C’est une règle générale,
Morphée divulgue des secrets.
Ils ne sont jamais indiscrets,
Je n’y vois pas de choses sales ;
Je découvre de vastes salles
Qu’animent d’aimables portraits.
Des astres luisent aux fenêtres ;
Leur éclat dans mon coeur pénètre,
Il s’illumine d’un seul coup.
« Nulle chose n’est interdite
Aux êtres qui rêvent beaucoup» ;
C’est la parole qu’ils m’ont dite.
Dragon nonchalant
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Même si je suis vigoureux,
Nul mortel devant moi ne tremble ;
Nous rions, nous buvons ensemble,
Ce sont des instants savoureux.
Récemment je fus amoureux
D’une dryade, ce me semble ;
Ma paresse m’en désassemble,
Même si c’est malencontreux.
L’amour me paraît mortifère ;
Le plus sûr est de ne rien faire,
Que l’on soit jeune ou qu’on soit vieux.
Je n’irai point ravir Hélène,
Cette désirable Troyenne ;
Ni me battre pour ses beaux yeux.
Papillon dormeur
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Je dors en rêvant de l’été,
Mon corps ne sent plus la froidure ;
Le temps ainsi peut s’arrêter,
Pour moi-même et pour la nature.
Le rêve, c’est la liberté,
Au moins pour tout le temps qu’il dure ;
Ça me donne envie de chanter,
C’est comme une belle aventure.
Les songes sont impermanents,
Morphée n’est pas toujours clément ;
Le sommeil a sa part ombreuse
Mais certaines nuits, c’est charmant,
Mon âme devient valeureuse,
J’obtiens la victoire en dormant.