Rêves
En 1916
« Je suis transformé en chiffre. Je tombe dans un puits qui est en même temps une feuille de papier, en passant équation à une autre avec le désespoir de m’éloigner de plus en plus de la lumière du jour et paysage qui est le château de Ferrières (Seine-et-Marne) vu de la voie du chemin de fer de l’est. »
Durant 1918-1919
« Je suis couché et me vois tel que je suis en réalité. L’électricité est allumée. La porte de mon armoire à glace s’ouvre d’elle-même. Je vois les livres qu’elle renferme. Sur un rayon se trouve un coupe-papier de cuivre (il y est aussi dans la réalité) ayant la forme d’un yatagan. Il se dresse sur l’extrêmité de la lame, reste en équilibre instable durant un instant puis se recouche lentement sur le rayon. La porte se referme. L’électricité s’éteint. »
En août 1922
« Je suis couché et me vois tel que je suis en réalité. André Breton entre dans ma chambre, le Journal officiel à la main. “Cher ami, me dit-il, j’ai le plaisir de vous annoncer votre promotion au grade de sergent-major”, puis il fait demi-tour et s’en va. »
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Robert DESNOS
Robert Desnos est un poète français, né le 4 juillet 1900 à Paris et mort du typhus le 8 juin 1945 au camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie à peine libéré du joug de l’Allemagne nazie. Autodidacte et rêvant de poésie, Robert Desnos est introduit vers 1920 dans les milieux littéraires modernistes et... [Lire la suite]
Trois songes de sable
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Robert songe, en premier, qu'il va dans un tonneau
Qui roule tout le jour, et la nuit, dans la cave.
Allons donc, se dit-il, la chose n'est pas grave,
Le tonneau est cerclé de solides anneaux.
Puis un lion quadrumane apparaît devant lui,
Qui se met à danser, cherchant son équilibre.
Qu'y puis-je, se dit-il, cet animal est libre,
Il a donc bien le droit de s'amuser la nuit.
Enfin, il devient cerf. Un autre cerf survient,
Disant qu'on lui confère un grade militaire.
C'est bon, se dit Robert, je n'ai plus qu'à me taire,
Muette est notre armée, vous le savez tous bien.
Glabougnot
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Un glabougnot qui s’évapore
Et se recondense en un puits
N’est point l’ami des chaussiflores,
Sa berdulance est sans appui ;
La calceclouse est une alcore
Protz-et-schniaquant (mais sans nul bruit);
Or, le lintessois d’embancore
Voit fondre un geresh dans la nuit.
Combien ceux qui prontephagorent
D’un charouve sont transconduits,
Accompagnant sur la mandore
Ce morceau de langage cuit.