Réponse d’un sage
Un jour qu’avec sollicitude
Des habitants d’une cité
L’avaient longuement exhorté :
A sortir de sa solitude :» Qu’irais-je donc faire à la ville ?
Dit le songeur au teint vermeil,
Regardant mourir le soleil,
D’un air onctueux et tranquille.Ici, de l’hiver à l’automne,
Dans la paix des yeux, du cerveau,
J’éprouve toujours de nouveau
La surprise du monotone.Mes pensers qu’inspirent, composent,
Les doux bruits, les molles couleurs,
Sont des papillons sur des fleurs,
Voltigeant plus qu’ils ne se posent.Fuir pour les modes, les usages
D’un enfer artificiel
Le grand paradis naturel ?
Non ! je reste à mes paysages.Chez eux, pour moi, je le proclame !
Le temps se dévide enchanté.
J’ai l’extase de la santé,
Le radieux essor de l’âme.Mon coeur après rien ne soupire.
Je tire mon ravissement
De l’espace et du firmament.
C’est tout l’infini que j’aspire !Vos noirs fourmillements humains
Courant d’incertains lendemains ?…
J’aime mieux ces nuages roses !Et je finirai dans ce coin
Mon court passage de témoin,
Devant l’éternité des choses. «
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Maurice ROLLINAT
Maurice Rollinat, né à Châteauroux (Indre) le 29 décembre 1846 et mort à Ivry-sur-Seine le 26 octobre 1903, est un poète français. Son père, François Rollinat, était député de l’Indre à l’Assemblée constituante en 1848 et fut un grand ami de George Sand. Issu d’un milieu cultivé, Rollinat se met très... [Lire la suite]
Dragon songeur
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Pour le meilleur et pour le pire,
Je vis ces instants, sobrement ;
Sur le sol, sous le firmament,
J’admire tout ce qui m’inspire.
Ce que je m’efforce d’écrire
Ça t’indiffère, sûrement ;
Tu préfères lire un roman
Ou des blagues qui te font rire.
Je te comprends, lecteur humain,
Toi qui suis tes propres chemins,
Toi qui sais la saveur des choses.
Mais moi, je n’en pense pas moins ;
Je suis heureux d’être témoin
Des jeux du Prince et de la Rose.