Qui a vu quelquefois un grand chêne asséché
Qui a vu quelquefois un grand chêne asséché,
Qui pour son ornement quelque trophée porte,
Lever encore au ciel sa vieille tête morte,
Dont le pied fermement n’est en terre fiché,Mais qui dessus le champ plus qu’à demi penché
Montre ses bras tout nus et sa racine torte,
Et sans feuille ombrageux, de son poids se supporte
Sur un tronc nouailleux en cent lieux ébranché :Et bien qu’au premier vent il doive sa ruine,
Et maint jeune à l’entour ait ferme la racine,
Du dévot populaire être seul révéré :Qui ta chêne a pu voir, qu’il imagine encore
Comme entre les cités, qui plus florissent ore,
Ce vieil honneur poudreux est le plus honoré.
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Joachim DU BELLAY
Joachim du Bellay est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou, et mort le 1er janvier 1560 à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l’origine de la formation de la « Pléiade », groupe de poètes auquel Du Bellay donna son manifeste, « la Défense et illustration de la langue... [Lire la suite]
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Sagesse de la tavernière
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Que nul gosier ici ne demeure asséché !
Sachez-le, visiteurs qui franchissez ma porte,
Vous trouverez ici un choix de boissons fortes
Et je souris aussi aux clients éméchés.
J’aime ceux du comptoir, légèrement penchés,
Débitant leurs propos d’une voix un peu forte,
Pour qui mon injonction n’est jamais lettre morte ;
Ils ne sont pas pressés de partir se coucher.
Certains dans cet endroit aiment prendre racine :
Celui qui versifie et celui qui dessine,
Celle qui boit les mots du conteur inspiré ;
Quand ils ont assez bu, je leur en verse encore,
Afin qu’ils soient dispos pour saluer l’aurore ;
Dispos, ou presque tels, ou un peu déchirés.
L’arbre du roi
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Je suis l’arbre du roi, où son ange est perché ;
Justice et Loyauté sont les fruits que je porte
Et mon ardente sève est une boisson forte
Dont fut ce vieux monarque autrefois éméché.
Vers nul point cardinal on ne me voit pencher ;
Mon écorce est rugueuse et ça me réconforte
Je me plais en ce bois jonché de feuilles mortes ;
Puis, le soleil me parle avant de se coucher.
Je sens un inframonde au bout de mes racines
Où de sombres profils dans le noir se dessinent,
Eux qui d’obscurs traités ont jadis inspiré ;
Ayant tout raconté, le vent me parle encore
Et veut se joindre à moi pour saluer l’aurore
Qui le nocturne voile est venue déchirer.
Chêne impérial
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L’invisible démon sur le chêne est perché ;
Il a dans sa musette une âme qu’il emporte
(Âme, en ce grand malheur, nul ne te réconforte)
Et qu’il prit au matin, dit-il, dans l’évêché.
Branche, sous un tel poids, tu ne peux que pencher
Et rudement fléchir, bien que tu sois très forte ;
S’il avait atterri sur une branche morte,
Sa lourdeur aurait pu du tronc la détacher.
Des lutins malfaisants vivent sous les racines
Qui sur de grands carnets de noirs signes dessinent
Et que dans l’inframonde on entend conspirer ;
Or, le diable est pensif, il se repose encore,
Sur cet arbre magique il attendra l’aurore
Pour saisir sa victime et pour la déchirer.
Corbeau plein de sagesse
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C’était Maître Corbeau, sur un chêne perché,
Qui dans un tel endroit nul fromage n’apporte ;
Il ne prend aucun risque, et ça le réconforte,
De voler le renard sera bien empêché.
Vers ce vil personnage, il s’est un peu penché,
De sa déconvenue il se moque à voix forte ;
Le goupil est confus, dont l’espérance est morte,
Mais, vaniteux qu’il est, semble s’en détacher.
L’oiseau pour plaisanter dit des vers de Racine,
Le renard, de son pied, sur le sable dessine ;
Ces deux individus sont vraiment inspirés.
La Fontaine est tardif, il se repose encore,
N’ayant accoutumé de saluer l’aurore ;
Il viendra quand ceux-là se seront retirés.