Que ferai-je, Morel ? Dis-moi, si tu l’entends
Que ferai-je, Morel ? Dis-moi, si tu l’entends,
Ferai-je encore ici plus longue demeurance,
Ou si j’irai revoir les campagnes de France,
Quand les neiges fondront au soleil du printemps ?Si je demeure ici, hélas, je perds mon temps
A me repaître en vain d’une longue espérance :
Et si je veux ailleurs fonder mon assurance,
Je fraude mon labeur du loyer que j’attends.Mais faut-il vivre ainsi d’une espérance vaine ?
Mais faut-il perdre ainsi bien trois ans de ma peine ?
Je ne bougerai donc. Non, non, je m’en irai.Je demourrai pourtant, si tu le me conseilles.
Hélas, mon cher Morel, dis-moi que je ferai,
Car je tiens, comme on dit, le loup par les oreilles.
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Joachim DU BELLAY
Joachim du Bellay est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou, et mort le 1er janvier 1560 à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l’origine de la formation de la « Pléiade », groupe de poètes auquel Du Bellay donna son manifeste, « la Défense et illustration de la langue... [Lire la suite]
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Sagesse de la libellule
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La libellule chasse à la fin du printemps,
Je suis émerveillé par sa noble apparence ;
Je la vois survolant ce ruisselet de France,
Qui frôle la surface et s’y va reflétant.
Au bord de ce cours d’eau longuement méditant,
Le héron au long bec se nourrit d’espérance ;
Comme la libellule, il est plein d’assurance,
Il se tient sur la rive, il observe, il attend.
De ces deux prédateurs la quête n’est pas vaine,
Ils prendront du gibier bientôt, sans trop de peine ;
Il se rassasieront, et puis, ils s’en iront.
J’entends un peu plus loin le cri d’une corneille,
Un oiseau ténébreux qui dans l’ombrage veille ;
Quant à moi, j’aime aussi ce troisième larron.