Poème 'Quand verrai-je les îles…' de Francis JAMMES dans 'De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir'

Accueil > Les poètes > Poèmes et biographie de Francis JAMMES > Quand verrai-je les îles…

Quand verrai-je les îles…

Francis JAMMES
Recueil : "De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir"

Quand verrai-je les îles où furent des parents ?
Le soir, devant la porte et devant l’océan
on fumait des cigares en habit bleu barbeau.
Une guitare de nègre ronflait, et l’eau
de pluie dormait dans les cuves de la cour.
L’océan était comme des bouquets en tulle
et le soir triste comme l’été et une flûte.
On fumait des cigares noirs et leurs points rouges
s’allumaient comme ces oiseaux aux nids de mousse
dont parlent certains poètes de grand talent.
Ô Père de mon Père, tu étais là, devant
mon âme qui n’était pas née, et sous le vent
les avisos glissaient dans la nuit coloniale.
Quand tu pensais en fumant ton cigare,
et qu’un nègre jouait d’une triste guitare,
mon âme qui n’était pas née existait-elle ?
Était-elle la guitare ou l’aile de l’aviso ?
Était-elle le mouvement d’une tête d’oiseau
caché lors au fond des plantations,
ou le vol d’un insecte lourd dans la maison ?

Choü, mai 1895.

Poème préféré des membres

archiluth44 et karo02 ont ajouté ce poème parmi leurs favoris.

Commentaires

Aucun commentaire

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS