Prologue
J’ai détourné mes yeux de l’homme et de la vie,
Et mon âme a rôdé sous l’herbe des tombeaux.
J’ai détrompé mon cœur de toute humaine envie,
Et je l’ai dispersé dans les bois par lambeaux.J’ai voulu vivre sourd aux voix des multitudes,
Comme un aïeul couvert de silence et de nuit,
Et pareil aux sentiers qui vont aux solitudes,
Avoir des songes frais que nul désir ne suit.Mais le sépulcre en moi laissa filtrer ses rêves,
Et d’ici j’ai tenté d’impossibles efforts.
Les forêts ? Leur angoisse a traversé les grèves,
Et j’ai senti passer leurs souffles dans mon corps.Le soupir qui s’amasse au bord des lèvres closes
A fait l’obsession du calme où j’aspirais ;
Comme un manoir hanté de visions moroses,
J’ai recélé l’effroi des rendez-vous secrets.Et depuis, au milieu des douleurs et des fêtes,
Morts qui voulez parler, taciturnes vivants,
Bois solennels ! J’entends vos âmes inquiètes
Sans cesse autour de moi frissonner dans les vents.
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Léon DIERX
Léon Dierx, né à Saint-Denis de La Réunion le 31 mars 1838 et mort à Paris le 12 juin 1912, est un poète parnassien et peintre académique français. Léon Dierx naît dans la villa de Saint-Denis aujourd’hui appelée villa Déramond-Barre, que son grand-père a rachetée en 1830. Il y vit jusqu’en 1860, année de son... [Lire la suite]
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