Prière
Ah donne-nous des crânes de braises
Des crânes brûlés aux foudres du ciel
Des crânes lucides, des crânes réels
Et traversés de ta présenceFais-nous naître aux cieux du dedans
Criblés de gouffres en averses
Et qu’un vertige nous traverse
Avec un ongle incandescentRassasie-nous nous avons faim
De commotions inter-sidérales
Ah verse-nous des laves astrales
A la place de notre sangDétache-nous, Divise-nous
Avec tes mains de braises coupantes
Ouvre-nous ces voûtes brûlantes
Où l’on meurt plus loin que la mortFais vaciller notre cerveau
Au sein de sa propre science
Et ravis-nous l’intelligence
Aux griffes d’un typhon nouveau
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Antonin ARTAUD
Antonin Artaud, né Antoine Marie Joseph Paul Artaud, à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 4 septembre 1896 et mort à Ivry-sur-Seine le 4 mars 1948, est un poète, acteur et théoricien du théâtre français. Inventeur du concept du « théâtre de la cruauté » dans « Le Théâtre et son Double », Artaud aura... [Lire la suite]
天人五衰 --- Ange perdu
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Archange, ton corps fut jadis de braise,
Il te brûle à présent, le feu du ciel ;
Parfois, tu ressens un effroi réel,
Du temps peut passer sans qu'il ne s'apaise.
Vieil ange perdu, tu grinces des dents ;
Si tu vas au sol, tu crains les averses,
Trop haut, le vertige alors te traverse,
Est-ce toi qui fus si incandescent ?
Ce n'est plus de foudre que tu as faim ;
Ta course n'est plus intersidérale,
Tu laisses flotter ta paresse astrale
Au long des jours dont nul ne voit la fin.
Tu avais connu un si noble sort,
On t'avait remis des armes tranchantes,
Rouillées à présent, ce dont tu déchantes
Croyant y trouver un signe de mort.
Ah, comme il vibrait, ton noble cerveau
Quand tu défendais l'arbre de la science ;
Mais elle a terni, ton intelligence :
L'univers se donne un maître nouveau.