Presque berger
Les Brises ont brui comme des litanies
Et la flûte s’exile en molles aphonies.Les grands bœufs sont rentrés. Ils meuglent dans l’étable
Et la soupe qui fume a réjoui la table.Fais ta prière, ô Pan ! Allons au lit, mioche,
Que les bras travailleurs se calment de la pioche.Le clair de lune ondoie aux horizons de soie:
O sommeil ! donnez-moi votre baiser de joie.Tout est fermé. C’est nuit. Silence… Le chien jappe.
Je me couche. Pourtant le Songe à mon cœur frappe.Oui, c’est délicieux, cela, d’être ainsi libre
Et de vivre en berger presque… Un souvenir vibreEn moi… Là-bas, au temps de l’enfance, ma vie
Coulait ainsi, loin des sentiers, blanche et ravie !
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- Mélancolie d’Émile | Pays de poésie
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Émile NELLIGAN
Émile Nelligan (24 décembre 1879 à Montréal – 18 novembre 1941 à Montréal) est un poète canadien (québécois). Disciple du symbolisme, il a été profondément influencé par Octave Crémazie, Louis Fréchette, Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Georges Rodenbach, Maurice Rollinat et Edgar Allan Poe. Parmi les... [Lire la suite]
Le poète interrompt l'interne litanie
Pour suivre des oiseaux l'ardente symphonie.
Ils font, à deux, à trois, des accords redoutables
Ou des éclats de voix, comme des gens à table,
Comme en récréation une bande de mioches,
Une note qui vole, une note qui pioche,
Ils ont des becs d'acier, des plumages de soie,
Font des soupirs d'amour, des gloussements de joie,
Des bruits de petit chat ou d'animal qui jappe,
Une note qui danse, une note qui frappe.
Jamais de partition, improvisation libre,
Une note qui dort, une note qui vibre,
Une note qui dit la douceur de la vie
Quand par cette musique elle est prise, et ravie.