Présent de noce
À Mme Corinne W*
Un soir, que nous veillions sous les marronniers verts ;
Nos voix, dans le jardin, retentissaient joyeuses,
Et, noyant mes dix doigts dans vos boucles soyeuses,
Entre deux gros baisers, je vous promis des vers.Depuis lors, j’ai vieilli ; ma vie eut des revers ;
Je me berçai souvent d’espérances railleuses ;
Mais pour vous, la jeunesse et ses fleurs merveilleuses
Par des printemps vermeils ont marqué mes hivers.Vierge au front rougissant, demain vous serez femme :
Je devrais vous écrire un long épithalame ;
Mais, hélas ! ce n’est plus de mode désormais.Le sonnet, ce pigmée, a vaincu le colosse…
Daignez donc accepter celui-ci, car j’y mets
Tous mes vœux de bonheur et mon présent de noce.(1884)
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Louis-Honoré FRÉCHETTE
Louis-Honoré Fréchette (16 novembre 1839 – 31 mai 1908), poète, dramaturge, écrivain et homme politique, est né à St-Joseph-de-la-Pointe-Lévy (Lévis), Québec, Canada. Bien que son père, entrepreneur, soit analphabète, il étudie sous la tutelle des Frères des écoles chrétiennes. De 1854 à 1860, il fait ses études... [Lire la suite]
Un sonnet, c'est plus grand qu'un insecte ou qu'un ver ;
Il peut enthousiasmer une foule joyeuse,
Faire rire la femme en sa robe soyeuse,
Et parfois, au plaisir, il donne le feu vert.
Si la vie du poète a parfois des revers,
Si sa plume a des jours d'inspiration railleuse,
Il demeure au pouvoir des muses merveilleuses
Qui changent en printemps les plus sombres hivers.
Aujourd'hui, ton coeur est au pouvoir d'une femme :
Il ne t'est plus donné de disperser ta flamme,
Vous êtes l'un pour l'autre un monde, désormais.
Aussi, que dirais-tu, homme à l'esprit véloce,
Si tous tes invités, rimeurs comme jamais,
Lui offraient leurs sonnets comme présents de noce ?
Quand j'ai lu "véloce" je me suis dit :
Ouh il va faire rimer ça à "noce"
Quesqu'on gagne ?
Sinon j'aurais mis "atroce" mais moins joli.
Encore merci pour m'avoir signalé la citation rimbaldienne dans "La chasse spirituelle".
L'emprunteur ne m'avait nullement prévenu, mais, pourquoi pas.