Pour veiller ce soir d’hiver
A Eric de Haulleville
Pour veiller ce soir d’hiver
Verse le thé, plus amer
Et violent que le fer,
Où est le plaisir des sages.
Tu te penches sur ce thé
Tu y cherches la santé
Les vertus, la vérité
D’une eau vive et sans nuages.Or un visage sans prix
Comme de l’or dépoli
Apparaît et te sourit
Dans la liqueur agitée
- Ce ne sont pas là tes yeux
Mais d’un messager des dieux
Le silence sérieux
L’ombre à peine dessinée…Une confidence pure
De l’adorable figure
S’élève, dans un murmure
Que tu ne veux écouter,
- Et, sans plus d’inquiétude,
Pour une moins fine étude
Tu reprends ta solitude,
- Tu bois le reste du thé.Va ! Détourne ton regard
Des merveilles du hasard
Mais tu pleureras plus tard,
Homme vaniteux et vide,
Ce visage qui chantait
Sans le dire, le secret
D’un si étrange reflet
Dans ce peu de thé limpide.- Oui, tu empoignes la lyre !
Mais tu ne sais plus sourire,
Et ce sonore délire
Stupide nous touche peu.
A ta chanson toute prête
Manque une vertu secrète
Pour être vraiment poète
Il faut compter avec Dieu.
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Odilon-Jean PÉRIER
Odilon-Jean Périer est un poète belge d’expression française né à Bruxelles le 9 mars 1901 et mort à Bruxelles le 22 février 1928.
De son vrai nom Jean Périer, il choisit le pseudonyme Jean-Odilon Périer pour éviter la confusion avec un acteur célèbre de son époque.
Fils de banquier et petit-fils du général... [Lire la suite]
- Petit jour
- Défaite
- Les fontaines ornées d'écume et d'armes...
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- Comme parle et se tait une fille des hommes
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- Chaque jour un oiseau rencontre ce garçon
L’oiseau de janvier
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La neige tombera demain de ce ciel gris,
Ou ne tombera pas, je ne sais pas encore ;
Les pics reflèteront la couleur de l’aurore,
Des corbeaux de la plaine on entendra les cris.
Oiselles d’autrefois, dont mon coeur fut épris,
Mon souvenir en vous sans doute s’évapore ;
Mais lorsque se vida la boîte de Pandore,
L’espérance y resta, c’est un joyau sans prix.
Un frais printemps viendra reverdir la charmille,
De nouveaux nids verront de nouvelles familles ;
Des oisillons viendront découvrir l’univers.
Notre Terre est ainsi, vieille sans être usée,
C’est une aire de jeux, ce n’est pas un musée,
Bien apaisantes sont les longues nuits d’hiver.
Sagesse du tripode
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Ce tripode est comme un renard,
Sa malice nous déconcerte ;
Surtout, ne le crois pas inerte,
Il peut courir comme un guépard.
Il te séduira par son art
De commenter ses découvertes ;
Emplis-le d’une absinthe verte,
Cela peut le rendre bavard.
Il sait toujours trouver la rime
Au prédicat que tu exprimes ;
Quelquefois c’est assez joli !
Surtout, n’imite pas sa ruse ;
Son sens moral est aboli,
Je ne lui trouve aucune excuse.