Pour la même inconstante
Elle aime, et n’aime plus, et puis elle aime encore,
La volage beauté que je sers constamment :
L’on voit ma fermeté ; l’on voit son changement ;
Et nous aurions besoin, elle et moi, d’ellébore.Cent fois elle brûla du feu qui me dévore ;
Cent fois elle éteignit ce faible embrasement ;
Et semblable à l’Égypte en mon aveuglement,
C’est un caméléon que mon esprit adore.Puissant maure des sens, écoute un malheureux ;
Amour, sois alchimiste, et sers-toi de tes feux
À faire que son coeur prenne une autre nature :Comme ce coeur constant me serait un trésor,
Je ne demande point que tu fasses de l’or,
Travaille seulement à fixer ce mercure.
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Georges de SCUDÉRY
Georges de Scudéry, né le 11 avril 1601 au Havre et mort le 14 mai 1667 à Paris, est un romancier et dramaturge français. Il était d’une famille noble provençale d’Apt qui se prétendait d’origine sicilienne. Son aïeul et son père avaient suivi la carrière des armes, et celui-ci avait rempli la charge de lieutenant... [Lire la suite]
Un démon sans visage
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Celui que l’Univers ne connaît pas encore,
Du fond de sa retraite, étudie constamment
L’idée d’un renouveau, l’espoir d’un changement,
Hardi jusqu’au sommet des cornes qu’il arbore.
Je ne méprise pas le feu qui le dévore ;
Il voudrait, pour ce monde, un bel embrasement,
Autant lui pardonner un peu d’aveuglement
S’il pense qu’il sera l’Envoyé qu’on adore.
Logé dans l’inframonde, il n’est pas malheureux,
Il peut y voir flamber d’autres sortes de feux
Et, tout au long du jour, rêver à leur nature ;
Un grand espoir, vraiment, c’est un joli trésor,
Il ne le lâcherait pour argent, ni pour or :
Ne décevons donc pas cette humble créature.
Fantôme sans visage
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Je ne suis pas céphalophore,
Mon chef est perdu, carrément ;
Pour moi, ce fut un changement,
D’ailleurs je m’en tracasse encore.
Moi qui fus de ceux qui dévorent,
Je n’absorbe plus d’aliments ;
C’est un véritable tourment,
L’Univers me semble inodore.
Quant à mes plaisirs amoureux
Qui furent doux et savoureux,
Ils m’ont quitté, par forfaiture.
Mortel, ta vie est un trésor
Que tu dois goûter sans remords ;
Éphémère en est la nature.