Pomme ronde…
Pomme ronde, poire, banane
et groseille… Tout cela parle
de vie, de mort dans la bouche. Je sens…
Lisez plutôt sur le visage de l’enfantlorsqu’il mord dans ces fruits. Oui, ceci vient de loin.
Sentez-vous l’ineffable dans votre bouche ?
Là où étaient des mots coulent des découvertes,
comme affranchies soudain de la pulpe du fruit.Osez dire ce que vous nommez pomme.
Cette douceur qui d’abord se concentre,
puis, tandis qu’on l’éprouve, doucement érigée,se fait clarté, lumière, transparence.
Son sens est double : terre et soleil.
Expérience, toucher : ô joie immense !
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Rainer Maria RILKE
Rainer Maria Rilke (de son nom patronymique René Karl Wilhelm Johann Josef Maria Rilke) est un écrivain autrichien, né le 4 décembre 1875 à Prague, mort le 30 décembre 1926 à Montreux, en Suisse. Il vécut à Veyras de 1921 à sa mort. Il est surtout connu comme poète, bien qu’il ait également écrit un roman, « Les... [Lire la suite]
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- Un temple dans l'ouïe (4)
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La corbeille de fruits est comme une assemblée
Muette, dont la langue est faite de parfums.
Pomme, poire et banane ont un débat sans fin ;
De leurs douces odeurs, la maison est comblée.
Dame des pommes
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Un serpent dans le silence
Rumine un futur méfait ;
N’en soyez point stupéfaits,
Maléfique est son essence.
Le jardin n’est pas immense,
En quelque jours il fut fait ;
D’une magie c’est l’effet,
Reflet d’une transcendance.
Voici deux individus ;
Un fruit leur est défendu,
À la Femme autant qu’à l’homme.
Il devront porter leur croix,
Exilés de cet endroit ;
Roi maudit, reine des pommes.
Fruit d’automne
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Mon écorce et ma chair sont blanches,
Mon goût peut plaire à ton gosier ;
Tu n’auras rien du cerisier,
Lui qui a dénudé ses branches.
Si tu aimes les saveurs franches,
Remplis de fruits ton grand panier ;
Assieds-toi sous le marronnier,
Le troisième, celui qui penche.
La dryade dira tout bas
Deux mots pour bénir ton repas ;
Mais ils seront en langue verte.
Et plus tard, reviens-moi souvent,
Qu’il pleuve ou qu’il fasse du vent ;
Ces délices te sont offertes.
* * *
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Fruits de vos entrailles
Offert à l'eucharistie,
Plus un coup de rouge.
Fruits magiques
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C’est un miracle saisonnier,
Cela semble issu d’un poème ;
De beaux fruits mûrs, comme on les aime,
De quoi remplir douze paniers.
Le serpent les goûte en premier,
Par ordre de l’Être Suprême ;
Il attend la fin du carême
En tournant autour du pommier.
Un vieil archange prend sa lyre ;
Quelques insectes en délire
Improvisent des mots d’esprit.
Plusieurs parts sont pour les chimères,
Cela rend leur vie moins amère
Et ce bonheur n’a pas de prix.