Polyphème en furie
Je vous vois, couple infâme, enivré de plaisir,
Quand vos secrets complots m’ont enivré de rage.
Est-ce ainsi qu’on trahit mon amoureux désir,
Et que l’on ose encore irriter mon courage ?Je vous vois, ménagez votre peu de loisir,
Vous ne me ferez plus que ce dernier outrage :
Ce morceau de rocher que je vais vous choisir
Vous presse de bientôt achever votre ouvrage.Maintenant je vous tiens, rien ne peut détourner
Le juste châtiment que je vais vous donner,
Il faut que de ce coup je vous réduise en poudre.Ainsi dit le Cyclope à deux amants transis.
Sa voix fut un tonnerre, et la pierre une foudre,
Qui meurtrit Galatée, et fit mourir Acys.
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François Tristan L'HERMITE
François L’Hermite, sieur du Soliers, dit Tristan L’Hermite, né à Janaillat (Creuse) au château de Soliers, dans la Marche, 1601 et mort à Paris le 7 septembre 1655, est un poète et dramaturge français. Auteur dramatique fort applaudi en son temps, et dont la première pièce, la fameuse tragédie de Mariane... [Lire la suite]
Polyphème et la llicorne
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Le cyclope a rêvé qu’il prenait son plaisir
Avec une licorne en de charmants parages ;
Lui, qui si rarement assouvit son désir,
Vit son âme s’emplir d’un amoureux courage.
Ayant, le lendemain, quelque temps de loisir,
En quête de licorne il parcourut l’ombrage ;
Mais par les deux ou trois qu’il a voulu choisir,
Son discours enflammé fut pris comme un outrage.
Tout seul vers sa caverne il dut s’en retourner ;
De la noble Aphrodite il fut abandonné,
C’était là son destin, mais comment s’y résoudre ?
En vain Bacchus tenta d’effacer ce souci ;
Qui peut soigner un arbre abattu par la foudre ?
Ce monde nous dépasse, et nos amours aussi.
Polyphème et la licorne == retouche
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Le cyclope a rêvé qu’il prenait son plaisir
Avec une licorne en de charmants parages ;
Lui, qui si rarement assouvit son désir,
Vit son âme s’emplir d’un amoureux courage.
Ayant, le lendemain, quelque temps de loisir,
En quête de licorne il parcourut l’ombrage ;
Mais par les deux ou trois qu’il a voulu choisir,
Son discours enflammé fut pris comme un outrage.
Tout seul vers sa caverne il dut s’en retourner ;
De la noble Aphrodite il fut abandonné,
C’était là son destin, mais comment s’y résoudre ?
En vain Bacchus tenta d’effacer ce souci ;
Qui peut soigner un arbre abattu par la foudre ?
Ce monde nous dépasse, et nos amours aussi.
Monstre d'imparité
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Fils d'une licorne,
Dont un cyclope est le père :
Une corne, un oeil.
Licorne obscure
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Sobres sont les plaisirs
De la licorne sage ;
Car ses rares désirs
Ne sont que de passage.
Discrets sont ses loisirs
Qu’abritent les ombrages ;
Elle sait en choisir
Qui personne n’outragent.
Des maîtres chevronnés
Sur elle ont raisonné ;
Ils ne sont plus que poudre...
Ils n’ont plus de souci
Ni plus rien à résoudre ;
C’est vrai pour elle aussi.
Licorne d’octobre
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Que sont devenus mes plaisirs,
Pourquoi mon corps se croit-il sage ?
Comment retrouver le désir
Qui m’enflammait sur son passage ?
Je n’ai maintenant pour loisirs
Que de futiles bricolages ;
Certes, j’ai dû, pour les choisir,
Abandonner tout mon courage.
À la paresse abandonné,
Je ne sais à quoi m’adonner ;
Que le Seigneur veuille m’absoudre !
La mort dissoudra mes soucis,
Quand mon corps sera cendre et poudre ;
Car Dieu veut qu’il en soit ainsi.
* * *
Soyons des licornes
Et qu’importe la saison,
Octobre vaut mai.