Poème hippique
Vérité toute nue
Espérance en sabots
À brides abattues
Courez, courez chevaux.Courez chevaux, courez à vive allure
Apportez-moi ce que je veux gagner
Et que ce soit pris à votre encolure,
Des lingots d’or dans un panier doré.Vérité toute nue
Espérance en sabots
À brides abattues
Courez, courez chevaux.Courez chevaux dont l’espoir suit la trace,
Courez, mes vœux sont à vos étriers,
Rapportez-moi le miroir des trois Grâces
Et des turbans de saphirs étoilés.Vérité toute nue
Espérance en sabots
À brides abattues
Courez, courez chevaux.Courez, chevaux en qui paraît la chance,
Le diamant et l’oiseau Bengali.
Rapportez-moi les trésors de Byzance
Et des rochers de lapis-lazuli.1967
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Louise de VILMORIN
Louise Levêque de Vilmorin, dite Louise de Vilmorin, est une écrivaine française née le 4 avril 1902 à Verrières-le-Buisson (Essonne) où elle est morte le 26 décembre 1969. Née dans le château familial d’une célèbre famille de botanistes et grainetiers, elle se fiance en 1923 à Antoine de Saint-Exupéry mais épouse... [Lire la suite]
Prévert offre un festin à quelques libellules.
Il leur sert une esquisse, une immobile fleur,
La cendre d'un cigare, un crayon de couleur,
L'os du moindre souci, la peau d'une virgule,
*
La sainte trinité coincée dans une bulle,
Le latin, le sanscrit et le grec sans douleur,
Une âme de gendarme, un grand coeur de voleur,
Deux entretiens publics et trois conciliabules,
*
Bouddha au pied d'un arbre et son vaillant cochon,
Les dix commandements brodés sur un torchon,
Une licorne pure, un éléphant mystique,
*
Un savoureux costume, un sonnet farfelu...
Mais une libellule a dit : "N'en jetez plus,
Tout ce que nous voulions, c'est manger des moustiques".
Deux chevaux aquatiques
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Ces coursiers des bas-fonds sont porteurs de messages,
Tu peux voir que ce sont des animaux marins ;
Virgile les appelle « hippocampes divins »,
Plusieurs nobles tombeaux s’ornent de leur image.
Pour comprendre leur langue, il convient d’être un mage,
Un poète apnéiste, ou encore un ondin ;
Leur lexique est transcrit sur un long parchemin
Qu’on trouve quelque part, dans les tiroirs d’un sage.
La nuit, ces messagers ne dorment que d’un oeil ;
Ils veillent, certains soirs, en lisant des recueils
De sonnets concoctés par le Dieu des Ténèbres.
Sur terre ils ne vont pas, nous leur en savons gré,
Ils vivent dans les flots, qui sont, pour eux, sacrés ;
C’est leur refuge sûr, c’est un lieu qu’ils célèbrent.
Trinités marginales
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Ces dieux d’un bizarre modèle,
Ils sentent vraiment le fagot ;
Leur Sacré Livre est en argot,
lls n’ont presque pas de fidèles.
Leur Pape dit « La mort est belle,
Car elle nous rend tous égaux ;
Un cadavre n’a pas d’ego,
Lui qui n’a plus rien d’un rebelle. »
Leurs églises sont des tripots,
Volontiers j’y vais boire un pot ;
C’est une modeste dépense.
Ce sont des dieux sans dignité,
Mais aussi sans malignité ;
Car jamais à mal ils ne pensent.
Quelques ménages à trois...
ou « manèges ».