Pleine mer
A Théo Poilpot.
Du fond des caveaux de tristesse -
Que surplombe l’Irrémédiable ainsi qu’une voûte, -
Du fond des caveaux de tristesse -
Où vous êtes, de deuil vêtue
Et toute
Pleurante descendue -
Mon âme!
Souvenez-vous de ce retour enivré,
Dans les larges floraisons de clarté,
Et dans le puissant vent frais
Qui chantait.
C’était comme de glorieuses plaines après de fabuleux combats, où les boucliers des héros morts -
resplendissaient au soleil.
L’horizon monte éperdu
Et surgissent des montagnes de jade et de marbre noir
S’abîmant aussitôt avec une formidable voix
Dans le natal chaos.
Et montent de géantes murailles de fer
Vers le ciel projetées en superbes élans
Puis retombent aux gouffres;
Tandis que les nymphes effrayées
Courent dans les glauques ravins, traversés des éclairs blancs de leurs tuniques,
Semant les perles de leurs parures
En impondérables avalanches.
Le joli cri des mouettes grises
Egaie le ciel gris comme les ailes
Des mouettes grises.
Ce sont maintenant de bleues prairies
Aux paissantes chèvres blanches
Alors que de libres chevaux
Bondissent, les crinières envolées
Et voici s’ouvrir dans un ciel de conque précieuse, la divine porte
Menant aux éternels Palais.
Les obliques rayons d’un soleil tranquille ont dressé des gradins
Sur les nuages asservis
Et voici s’ouvrir la divine porte
Menant aux éternels Palais.
L’or prodigué descend en fluides draperies
Et les vertes transparences
Se pavoisent d’or prodigué
Et les vertes transparences
Se constellent de saphirs, d’opales et d’escarboucles -
Et monte un chant recueilli
Aux profondes Orgues
C’est l’immortelle Beauté, prêtresse
Qui parée ainsi de lueurs
Célèbre les rites sacrés.
Mais bientôt vaincue par le charme
Apaisant de ce soir -
Où l’or prodigué descend en fluides draperies -
Sereine, Elle se couche pour le sommeil
Et sa poitrine respirante
Se soulève, émue d’un prodigieux rêve.
Les vertes transparences
Se sont noyées aux profondeurs
Qui roulent maintenant dans leurs noirs replis
Les Vertiges sonores.
La Nuit conquérante
Est venue
Et l’on voit onduler la traîne
De sa robe frangée d’humides étoiles
Puis disparaître.
Voici poindre au loin
Les Phares.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Marie KRYSINSKA
Marie Anastasie Vincentine Krysinska, née à Varsovie le 22 janvier 1845 et morte à Paris le 16 octobre 1908, est une poétesse française. Fille d’un avocat de Varsovie, Marie Krysinska de Lévila vient à Paris étudier au Conservatoire de musique, études qu’elle abandonne bientôt pour s’adonner à la littérature.... [Lire la suite]
Commentaires
Aucun commentaire
Rédiger un commentaire