Poème 'Pièce à carreaux' de Tristan CORBIERE dans 'Les Amours jaunes'

Pièce à carreaux

Tristan CORBIERE
Recueil : "Les Amours jaunes"

Ah ! si Vous avez à Tolède,
Un vitrier
Qui vous forge un vitrail plus raide
Qu’un bouclier !…

À Tolède j’irai ma flamme
Souffler, ce soir ;
À Tolède tremper la lame
De mon rasoir !

Si cela ne vous amadoue :
Vais aiguiser,
Contre tous les cuirs de Cordoue,
Mon dur baiser :

– Donc – À qui rompra : votre oreille,
Ou bien mes vers !
Ma corde-à-boyaux sans pareille,
Ou bien vos nerfs ?

– À qui fendra : ma castagnette,
Ou bien vos dents…
L’Idole en grès, ou le Squelette
Aux yeux dardants !

– À qui fondra : vous ou mes cierges,
Ô plombs croisés !…
En serez-vous beaucoup plus vierges,
Carreaux cassés ?

Et Vous qui faites la cornue,
Ange là-bas !…
En serez-vous un peu moins nue,
Les habits bas ?

– Ouvre ! fenêtre à guillotine :
C’est le bourreau !
– Ouvre donc porte de cuisine !
C’est Figaro.

… Je soupire, en vache espagnole,
Ton numéro
Qui n’est, en français, Vierge molle !
Qu’un grand ZÉRO.

Cadix. – Mai.

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