Petites misères d’automne
Je me souviens, – dis, rêvé ce bal blanc?
Une, en robe rose et les joues en feu,
M’a tout ce soir-là dévoré des yeux,
Des yeux impérieux et puis dolents,
(Je vous demande un peu!)Car vrai, fort peu sur moi d’un en vedette,
Ah! pas plus ce soir-là d’ailleurs que d’autres,
Peut-être un peu mon natif air d’apôtre,
Empêcheur de danser en rond sur cette
Scandaleuse planète.Et, tout un soir, ces grands yeux envahis
De moi! Moi, dos voûté sous l’A quoi Bon?
Puis, partis, comme à jamais vagabonds!
(Peut-être en ont-ils peu après failli ?…)
Moi quitté le pays.Chez nous, aux primes salves d’un sublime,
Faut battre en retraite. C’est sans issue.
Toi, pauvre, et t’escomptant déjà déçue
Par ce cœur (qui même eût plaint ton estime)
J’ai été en victime,En victime après un joujou des nuits !
Ses boudoirs pluvieux rnirent en sang
Mon inutile cœur d’adolescent…
Et j’en dormis. A l’aube je m’enfuis…
Bien égal aujourd’hui.
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Jules LAFORGUE
Jules Laforgue, né à Montevideo le 16 août 1860 et mort à Paris le 20 août 1887, est un poète du mouvement décadent français. Né dans une famille qui avait émigré en espérant faire fortune, il est le deuxième de onze enfants. À l’âge de dix ans, il est envoyé en France, dans la ville de Tarbes d’où est originaire... [Lire la suite]
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