Petite chapelle
Je mettrai mon cœur au cœur d’un ostensoir, au milieu d’une chapelle, dans les lumières, l’encens, les musiques
et nuit et jour viendront sangloter vers mon cœur Ceux que rien ici-bas n’assouvit, que rien ne rend heureux et se meurent dans des maux inconnus mais dont rien ne les console.Il faudra que j’expose
Dans un ostensoir lourd
Mon cœur rongé d’amour
Que son sang pur arrose.En cette apothéose
Mille cierges autour
Brûleront nuit et jour
Dans une vapeur rose !Et blêmes, jour et nuit,
Sangloteront vers lui
Comme vers une IdoleLes cœurs tendres venus
Pour ces maux inconnus
Dont rien ne les console!
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Jules LAFORGUE
Jules Laforgue, né à Montevideo le 16 août 1860 et mort à Paris le 20 août 1887, est un poète du mouvement décadent français. Né dans une famille qui avait émigré en espérant faire fortune, il est le deuxième de onze enfants. À l’âge de dix ans, il est envoyé en France, dans la ville de Tarbes d’où est originaire... [Lire la suite]
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Sagesse d’un étalon
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Le beau cheval d’argent au grand soleil s’expose,
Dans le désert de sable il mache d’un pas lourd.
Cupidon le menace avec son arc d’amour,
Et le trait acéré que d’un philtre il arrose.
La lune de sinople au goût d’apothéose
Survole cet archer, comme fait un vautour,
Le cheval risque ainsi de passer bien des jours
À souffrir d’un poison au doux parfum de rose.
Il risque d’en souffrir au cours de bien des nuits ;
Mais, ayant discerné le danger devant lui,
Il adresse au tireur un ou deux mots magiques.
Cupidon, quoique indemne, hésite dependant,
Et renonce à tirer, disant « C’est plus prudent :
Je ne supporte pas qu’on me prenne au tragique ».