Poème 'Pessimisme' de François COPPÉE dans 'Les Paroles sincères'

Pessimisme

François COPPÉE
Recueil : "Les Paroles sincères"

Je refuse l’aumône : un pauvre meurt de faim.
Je la donne : un coquin se soûle et bat sa femme.
Et le plus scrupuleux, qu’il se loue ou se blâme,
De sa moindre action ne peut prévoir la fin.

Que faire ou ne pas faire ? Hélas ! nul n’en sait rien.
Tel grand dessein, jailli du meilleur de notre âme,
Se corrompt et produit un résultat infâme.
Souvent le bien est mal, parfois le mal est bien.

Oh ! la vie ! O mystère ! Insoluble problème !
Au caprice du sort, souffre, lutte, pense, aime,
Agite-toi… Dieu seul, s’il existe, comprend.

L’homme, c’est l’imprimeur, à son travail maussade,
Qui, la pensée ailleurs et l’œil indifférent,
Compose l’Évangile ou le marquis de Sade.

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Commentaires

  1. La vie peut sembler un problème intéressant,
    Faut-il encore être un résolveur de problèmes...
    Vous, mes difficultés, formez-vous un système ?
    Vais-je vous surmonter, rien qu'en vous connaissant ?

    Puis l'on dit que, parfois, c'est en les délaissant
    Qu'on résout les questions, y compris les dilemmes.
    Autre qu'une équation est la vie pour qui l'aime,
    Plutôt un tourbillon sans cesse renaissant.

    Plutôt un grand verger sans cesse en floraison,
    La douce voix d'un moine en rêveuse oraison,
    La fraîcheur du printemps qui dans nos coeurs s'imprime.

    Je m'en vais remiser la règle et le compas ;
    Armes ne me seront en ce vital combat,
    Mieux équipé serai avec quatre ou cinq rimes.

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