Perspective
Sur le Guadalquivir, en sortant de Séville,
Quand l’oeil à l’horizon se tourne avec regret,
Les dômes, les clochers font comme une forêt :
A chaque tour de roue il surgit une aiguille.D’abord la Giralda, dont l’angle d’or scintille,
Rose dans le ciel bleu darde son minaret ;
La cathédrale énorme à son tour apparaît
Par-dessus les maisons, qui vont à sa cheville.De près, l’on n’aperçoit que des fragments d’arceaux :
Un pignon biscornu, l’angle d’un mur maussade
Cache la flèche ouvrée et la riche façade.Grands hommes, obstrués et masqués par les sots,
Comme les hautes tours sur les toits de la ville,
De loin vos fronts grandis montent dans l’air tranquille !
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Théophile GAUTIER
Pierre Jules Théophile Gautier est un poète, romancier, peintre et critique d’art français, né à Tarbes le 30 août 1811 et mort à Neuilly-sur-Seine le 23 octobre 1872 à 61 ans. Né à Tarbes le 30 août 1811, le tout jeune Théophile garde longtemps « le souvenir des montagnes bleues ». Il a trois ans lorsque sa famille... [Lire la suite]
Ambipont
---------
C’était un ambipont qui menait à Séville ;
Beaucoup de citadins l’ont franchi sans regrets
Pour aller s’établir au coeur de la forêt,
Guidés par la boussole et sa fidèle aiguille.
Dans la sombre clairière, une étoile scintille,
Blanche dans le ciel noir au-dessus des marais ;
La dryade nocturne à son tour apparaît
Qui danse un menuet sur ses fines chevilles.
Du faune de ces lieux ne cherchant point l’assaut,
Elle préférerait d’un troll une embrassade,
Prête à lui déclarer un amour de façade ;
Elle a cru triompher, mais le troll n’est pas sot ;
Par les petits chemins, il marche vers la ville
Afin d’y savourer des bourgeoises tranquilles.