Pensée perdue
Elle est si douce, la pensée,
Qu’il faut, pour en sentir l’attrait,
D’une vision commencée
S’éveiller tout à coup distrait.Le coeur dépouillé la réclame ;
Il ne la fait point revenir,
Et cependant elle est dans l’âme,
Et l’on mourrait pour la finir.A quoi pensais-je tout à l’heure ?
A quel beau songe évanoui
Dois-je les larmes que je pleure ?
Il m’a laissé tout ébloui.Et ce bonheur d’une seconde,
Nul effort ne me l’a rendu ;
Je n’ai goûté de joie au monde
Qu’en rêve, et mon rêve est perdu.
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René-François SULLY PRUDHOMME
René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme, né à Paris le 16 mars 1839 et mort à Châtenay-Malabry le 6 septembre 1907, est un poète français, premier lauréat du Prix Nobel de littérature en 1901. Fils d’un commerçant, René Armand Prudhomme, qui souhaite devenir ingénieur, fait ses études au lycée Bonaparte,... [Lire la suite]
Sagesse du coq-bouc
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Du coq-bouc les claires pensées
Ne sont pas dépourvues d'attraits ;
Mais parfois, comme il est distrait !
Et sa trouvaille est effacée.
Or, comme nul ne la réclame,
Il ne la fait point revenir ;
Ce fantôme de souvenir
S'endort, pour toujours, dans son âme.
Un tel trésor d'une seconde
Ne lui sera jamais rendu ;
Ah, qu'importe qu'il soit perdu !
Il est tant d'autres joies au monde.