Pensée de crâne
Paul CELAN
Recueil : "Renverse du souffle"
Pensée de crâne, muette, sur la trace de flèche.
Ton haut chant
des chants, mâchoire
à demi fracassée
plantée dans la dure
étincelle de février.Ce mille de mélancolie
encore à
parcourir.Embroussaillé maintenant de chose éteinte, bleu-cible,
droit dans la barque,
congédié aussi de bénédiction
grinçante des écueils.1967
Poème préféré des membres
kelmorabethi94 a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Paul CELAN
Paul Celan (23 novembre 1920 – 20 avril 1970) est un poète et traducteur roumain de langue allemande, né Paul Pessach Antschel au sein d’une famille juive allemande à Cernăuți – Roumanie -, l’ancienne Czernowitz, et naturalisé français le 8 juillet 1955. C’est peut être le plus grand poète de langue... [Lire la suite]
Penseur nocturne
--------------------
Je vois le néant, je vois l’être,
Je les confonds certainement ;
Le doute que cela fait naître
Se transforme en étonnement.
Cette vie n’est pas un roman,
Nous avons peur de disparaître ;
Nous ne savons quand ni comment,
C’est le hasard qui en est maître.
La pensée dissipe l’ennui
Et le rêve embellit la nuit ;
Deux trésors que rien ne remplace.
Mais ce sont des biens virtuels,
Eux qui n’ont rien de factuel ;
Dans les fantasmes je les classe.
j'attends toujours de vos nouvelles ô divin modérateur !
Dans la nuit be sinople
-------------
Je suis le plus discret des êtres,
Je sais m’effacer pleinement ;
Très peu me savent reconnaître,
Beaucoup sont dans l’aveuglement.
Je suis capable, à tout moment,
De m’esquiver, de disparaître ;
Tu ne sauras jamais comment,
Car de cet art je suis le maître.
En volant j’échappe à l’ennui
Mais je ne vole que la nuit,
Sans craindre le vent qui me glace.
Mon destin n’est pas virtuel,
Mais pas non plus très factuel ;
Juste entre les deux, c’est ma place.
Cochon métaphysicien
---------
Je suis le néant, je suis l’être,
Je les suis simultanément ;
C’est ainsi que tu m’as vu naître,
Tu n’en eus point d’étonnement.
Je ne vis que par brefs moments,
Toujours en un furtif paraître ;
Mon présent n’a rien d’un roman,
Ni le passé de mes ancêtres.
De trop penser, cela me nuit,
Je ne dors pas trop bien, la nuit,
De réfléchir, cela me glace.
C’est un effroi perpétuel
Que ne vaincra nul rituel ;
Mais je me tais. Parler me lasse.