Paysage mauvais
Sables de vieux os – Le flot râle
Des glas : crevant bruit sur bruit…
– Palud pâle, où la lune avale
De gros vers, pour passer la nuit.– Calme de peste, où la fièvre
Cuit… Le follet damné languit.
– Herbe puante où le lièvre
Est un sorcier poltron qui fuit.– La Lavandière blanche étale
Des trépassés le linge sale,
Au soleil des loups… – Les crapauds,Petits chantres mélancoliques
Empoisonnent de leurs coliques,
Les champignons, leurs escabeaux.Marais de Guérande. – Avril.
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Tristan CORBIERE
Édouard-Joachim Corbière, dit Tristan Corbière, né le 18 juillet 1845 au manoir de Coat-Congar à Morlaix (Finistère) et mort le 1er mars 1875 à Morlaix, est un poète français. Il est né de l’union d’Édouard Corbière et d’Angélique Aspasie Puyo que 33 ans séparent : à sa naissance, son père est âgé de... [Lire la suite]
Hérisson devenu vicomte
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Portant couronne vicomtale,
Il parcourt sa terre, sans bruit ;
Sa pensée, que la lune avale,
Éclaire une hivernale nuit.
Il voit la sorcière amicale
Dont la potion au chaudron cuit ;
Il reçoit la lettre ducale
Lui rappelant le temps qui fuit.
Jamais sa fortune il n’étale,
Ça serait des manières sales ;
Ses coffres-forts sont des tombeaux.
Vicomte un peu mélancolique,
Il dicte ces vers bucoliques,
Ayant pour trône un escabeau.
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2017/12/28/herisson-devenu-vicomte/
Monstre hivernal
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Créature bancale,
Je marche dans la nuit ;
Une lune amicale
Sur mon errance luit.
Pour guetter la vestale
Je reste auprès du puits ;
Dans l’ombre je m’installe,
Un arbre est mon appui.
Or, Cupidon délaisse
Les gens de mon espèce ;
J’irai vierge au tombeau.
Je resterai pudique
Au moment fatidique,
J’éteindrai mon flambeau.
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De la distinction
Dans cette extinction.