Paysage fauve
Les arbres comme autant de vieillards rachitiques,
Flanqués vers l’horizon sur les escarpements,
Ainsi que des damnés sous le fouet des tourments,
Tordent de désespoir leurs torses fantastiques.C’est l’Hiver ; c’est la Mort ; sur les neiges arctiques,
Vers le bûcher qui flambe aux lointains campements,
Les chasseurs vont frileux sous leurs lourds vêtements,
Et galopent, fouettant leurs chevaux athlétiques.La bise hurle ; il grêle ; il fait nuit, tout est sombre ;
Et voici que soudain se dessine dans l’ombre
Un farouche troupeau de grands loups affamés ;Ils bondissent, essaims de fauves multitudes,
Et la brutale horreur de leurs yeux enflammés,
Allume de points d’or les blanches solitudes.
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Émile NELLIGAN
Émile Nelligan (24 décembre 1879 à Montréal – 18 novembre 1941 à Montréal) est un poète canadien (québécois). Disciple du symbolisme, il a été profondément influencé par Octave Crémazie, Louis Fréchette, Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Georges Rodenbach, Maurice Rollinat et Edgar Allan Poe. Parmi les... [Lire la suite]
Cauchemar d'Émile
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Nelligan t'observa, monstre apocalyptique,
Au milieu d'une nuit envahie de tourments.
Il cherchait à te fuir par un escarpement ;
Tu dirigeais vers lui ta course fantastique.
Tu étais plus griffu que les ours de l'Arctique,
Tu avais dévasté de nombreux campements ;
Tel un démon lâché au jour du jugement,
Tu venais lui porter un décret fatidique.
Émile, cependant, suivait les chemins sombres,
Et son ange gardien le protégeait, dans l'ombre,
Surveillant de son mieux le démon affamé.
Mais le monstre sursaute et se métamorphose :
En charmant promeneur, le voilà transformé,
Venu pour admirer l'Aurore aux doigts de rose !