Pauvre garçon
La Bête féroce.
Lui qui sifflait si haut, son petit air de tête,
Était plat près de moi ; je voyais qu’il cherchait…
Et ne trouvait pas, et… j’aimais le sentir bête,
Ce héros qui n’a pas su trouver qu’il m’aimait.J’ai fait des ricochets sur son cœur en tempête.
Il regardait cela… Vraiment, cela l’usait ?…
Quel instrument rétif à jouer, qu’un poète !…
J’en ai joué. Vraiment – moi – cela m’amusait.Est-il mort ?… Ah – c’était, du reste, un garçon drôle.
Aurait-il donc trop pris au sérieux son rôle,
Sans me le dire… au moins. – Car il est mort, de quoi ?…Se serait-il laissé fluer de poésie…
Serait-il mort de chic, de boire, ou de phtisie,
Ou, peut-être, après tout : de rien…
ou bien de Moi.
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Tristan CORBIERE
Édouard-Joachim Corbière, dit Tristan Corbière, né le 18 juillet 1845 au manoir de Coat-Congar à Morlaix (Finistère) et mort le 1er mars 1875 à Morlaix, est un poète français. Il est né de l’union d’Édouard Corbière et d’Angélique Aspasie Puyo que 33 ans séparent : à sa naissance, son père est âgé de... [Lire la suite]
Fringant dragon
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Il chante une chanson dans sa petite tête,
Il a trouvé, dit-on, le bonheur qu’il cherchait
Et l’on n’a jamais vu de si joyeuse bête,
Sauf s’il songe, le soir, à des gens qu’il aimait.
Cupidon ne peut rien sur son cœur en tempête
Depuis qu’il a compris que trop d’amour l’usait.
Trop paresseux, aussi, pour être un grand poète,
Il n’a pu travailler que quand ça l’amusait.
Il s’amusa ; c’était, du reste, un dragon drôle,
N’ayant jamais trop pris au sérieux son rôle,
Dramatiser, vraiment, il n’y a pas de quoi.
Ce paisible animal, qui vit de poésie,
Y rajoute parfois un peu de fantaisie,
Il pourrait devenir un exemple pour moi.
Maison capétienne
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Les comtes de Paris se trouvent à sa tête ;
La noblesse française un maître se cherchait,
Il leur en fallait un qui ne fût point trop bête,
Un oracle annonça que Capet les aimait.
Le royaume s’accrut au milieu des tempêtes,
Le roi de son pouvoir fort sagement usait ;
On y vit des soldats, des prêtres, des poètes,
Un modeste bouffon qui la Cour amusait.
Je connais des bouffons qui sont plus ou moins drôles,
Il en est assez peu qui sont faits pour ce rôle.
Plaisanter, ce n’est rien, il faut trouver de quoi.
Cette maison sacrée, qui vit de poésie,
Sut accorder l’Histoire avec la fantaisie ;
Nous sommes héritiers du rire de ses rois.
Monseigneur Bouffon
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Il a du latin plein la tête,
Qu’il a trouvé dans son pichet ;
Mille citations toujours prêtes
Que dans son enfance il bûchait.
Il est serein dans les tempêtes,
À la crainte il n’est pas sujet ;
Sans se prendre pour un poète,
Il sort des vers du premier jet.
Il connaît des histoires drôles
Et les raconte, c’est son rôle ;
Bien souvent, c’est n’importe quoi.
La blague vaut la poésie,
Ce sont des jeux de fantaisie ;
Blagueur, à ta santé je bois.