Passant dernierement des Alpes au travers
Passant dernièrement des Alpes au travers
(J’entens ces Alpes haults, dont les roches cornues
Paroissent en hauteur outrepasser les nues)
Lors qu’ils estoient encor’ de neige tous couvers,J’apperçeus deux effects estrangement divers,
Et choses que je croy jamais n’estre avenues
Ailleurs : car par le feu les neiges sont fondues,
Le chaud chasse le froit par tout cet univers.Autre preuve j’en fis que je n’eusse peu croire,
La neige dans le feu son element contraire,
Et moy dedans le froit de la neige brusler,Sans que la neige en fust nullement consommee :
Puis tout en un instant cette flamme allumée
M’environnoit de feu et me faisoit geler.
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Etienne JODELLE
Étienne Jodelle, né en 1532 à Paris où il est mort en juillet 1573, est un poète et dramaturge français. Membre de la Pléiade, il s’efforça d’en appliquer les principes à l’art théâtral. Il fut le premier à utiliser l’alexandrin dans la tragédie. Il apparaît comme un précurseur de la tragédie à... [Lire la suite]
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Voyageurs d'antan
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Ceux qui voguaient jadis au hasard des sept mers
Pouvaient y observer des chimères cornues
Ainsi qu'une foison de bêtes inconnues
Ayant le corps de poils ou d'écailles couvert.
Les paroles jetées par ces monstres divers
Remplissaient de terreur la liquide étendue ;
L'on ne pouvait que fuir, les ayant entendues,
Puisqu'elles détruisaient la paix de l'univers.
À la navigation ne pouvant se soustraire,
Et puisque ces bestiaux lui furent si contraires,
Un chacun après l'autre, on les a tous brûlés.
On pourrait dire alors : voici la mer calmée ;
Sauf que, de loin en loin, une phrase est clamée :
Car, d'un monstre, le cri peut se décongeler.