Pascal (2) – La Croix
Au retour du combat, tout couvert de morsures,
Et songeant au danger qu’il venait de courir,
Quand le lutteur comptait ou sondait ses blessures
Et qu’il se demandait s’il n’allait pas mourir,
Il lui semblait alors, vers la hauteur céleste
S’il venait à lever son regard attristé,
Qu’aussitôt tant de trouble et de langueur funeste
Se changeait en espoir, en ivresse, en clarté.
Comme un point lumineux qu’en vain le brouillard voile,
Pascal, dans le lointain, sous un ciel sans étoile,
Tu t’imaginais voir un phare ensanglanté,
La Croix ! Elle élevait de loin ses bras funèbres
Où, livide, pendait ton Dieu même immolé.
Pour l’avoir aperçue à travers les ténèbres,
Tu te dis éclairé ; tu n’étais qu’aveuglé.
En proie aux visions d’une peur insensée,
Tu tÕélances vers Elle, implorant ton salut ;
Gloire, plaisirs, travaux, ta vie et ta pensée,
Tu jettes tout au pied d’un gibet vermoulu.
Nous te surprenons là, spectacle qui nous navre,
Te consumant d’amour dans les bras d’un cadavre,
Et croyant sur son sein trouver ta guérison.
Mais tu n’étreins, hélas ! qu’une forme insensible,
Et, bien loi d’obtenir un miracle impossible,
Dans cet embrassement tu laissas ta raison.
La Croix a triomphé ; ta défaite est complète ;
Oui ! te voilà vaincu, subjugué, prosterné.
Au lieu comme autrefois d’un héroïque athlète,
Nous n’avons sous les yeux qu’un pauvre halluciné.
Comment ? tant de faiblesse après tant de vaillance !
Puisqu’entre ces trépas tu pouvais faire un choix,
N’eût-il pas mieux valu périr sans défaillance
Dévoré par le Sphinx qu’écrasé sous la Croix ?
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Louise ACKERMANN
Louise-Victorine Ackermann, née Louise-Victorine Choquet (Paris, 30 novembre 1813 – aux environs de Nice, 3 août 1890), était une poétesse française. Louise-Victorine Choquet est née à Paris de parents d’origine picarde. Son père, voltairien et amoureux des lettres, lui fera donner une éducation éloignée de... [Lire la suite]
Un dragon rêve de la Croix
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Un songe a tourmenté l’étrange créature
Dont l’âme éprouve alors un profond désarroi ;
Ce dragon se rêvant sur une haute croix
Ne sait pas d’où lui vient cette déconfiture.
Nul ne veut compatir aux tourments qu’il endure,
Aussi, rien ne lui sert de donner de la voix ;
Ils lui sont inconnus, les visages qu’il voit
Tournés vers son malheur qui s’acharne et qui dure.
Un érudit l’observe, il couvre un parchemin
De phrases qu’il destine à ses frères humains ;
Aussi, de temps en temps, dans la marge il dessine.
Son corps ne verse pas une goutte de sang,
Mais en dépit de ça, la douleur l’assassine,
Il perd un peu l’espoir, il se sent impuissant.
十四文
——
Le tribunal voulut la mort,
Le condamné sa croix transporte ;
Il s’écroule, un Romain l’exhorte,
Sa mère lui dit d’être fort.
Simon prend le relais, alors ;
Véronique se montre accorte,
Mais il tombe auprès d’une porte ;
Il parle aux filles de leur sort.
Il fait une troisième chute,
On lui retire son calbute ;
On fixe son corps sur le bois.
Il parle, il souffre, et puis il meurt ;
On le décloue, c’est du labeur,
On place en un tombeau ce roi.
Voir
https://www.terrasanctamuseum.org/fr/en-savoir-plus/les-quatorze-stations-de-la-voie-douloureuse/