Poème 'Parfait' de Paul ÉLUARD dans 'Répétitions'

Parfait

Paul ÉLUARD
Recueil : "Répétitions"

Un miracle de sable fin
Transperce les feuilles les fleurs
Éclôt dans les fruits
Et comble les ombres

Tout est enfin divisé
Tout se déforme et se perd
Tout se brise et disparaît
La mort sans conséquences

Enfin
La lumière n’a plus la nature
Ventilateur gourmand étoile de chaleur
Elle abandonne les couleurs
Elle abandonne son visage

Aveugle silencieuse
Elle est partout semblable et vide.

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Commentaires

  1. Pêcheur de drapeaux
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    L'oiseau de sable et d'argent
    Pêche les drapeaux magiques ;
    C'est un canard nostalgique
    Qui, tout le jour, va songeant.

    Drapeaux aux champs divisés
    Dont les ornements s'effacent,
    Drapeaux dont les couleurs passent
    Dans les embruns irisés.

    C'est sous un ciel tricolore
    Qu'est la plus douce chaleur ;
    Je reconnais ta valeur,
    Oiseau, gardien du folklore.

  2. Empereur des canards
    --------------------

    Ce canard accomplit tout ce qu’on lui demande,
    Aidé par son ministre, un écureuil d’azur.
    Un dieu le favorise, et le druide en est sûr,
    Ainsi que des devins la pittoresque bande.

    Indulgente est la loi, légères les amendes ;
    Le code en est subtil, mais il n’est pas obscur.
    Le loyal empereur, le ministre au coeur pur
    Prononcent rarement leurs sages réprimandes.

    La terre de l’Empire est noire et généreuse,
    Tout autour du palais sont des forêts ombreuses ;
    Une cascade y tombe, et ne tarit jamais.

    Nous n’avons pas assez de ces quatorze lignes
    Pour tous les compliments dont ces maîtres sont dignes ;
    Aussi nous préférons nous taire, désormais.

  3. Armande à l’amende

    Où trouver le bonheur ? Se désespère Armande,
    De retour d’un séjour sur la côte d’azur,
    Où l’a quitté celui qu’elle croyait si sûr,
    Pour une midinette aux grands yeux en amande.

    Elle fait une pause, dans un café, à Mendes
    Dans lequel elle boit six double-Whisky purs,
    Avant de repartir l’esprit trouble et obscur,
    Ce qui lui vaut d’avoir une très forte amende.

    De plus elle est menée dans une pièce ombreuse,
    Surchargées de ces femmes en amour généreuses,
    Mais qui tout comme elle, ne se marient jamais.

    Sur les murs du cachot est inscrit cette ligne ;
    « Le monde est au plus fins, le ciel est au plus dignes »*
    Elle veut s’engager à l’être désormais.

  4. "Le monde est aux plus fins, le ciel aux plus dignes."
    Citation de John Petit-Senn ; Les bluettes et boutades (1846)

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Paul ÉLUARD

Portait de Paul ÉLUARD

Paul Éluard, de son vrai nom Eugène Émile Paul Grindel (14 décembre 1895 à Saint-Denis – 18 novembre 1952 à Charenton-le-Pont ), est un poète français. C’est à l’âge de vingt et un ans qu’il choisit le nom de Paul Éluard, hérité de sa grand-mère, Félicie. Il adhère au dadaïsme et est l’un des... [Lire la suite]

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