Pannyre aux talons d’or
Dans la salle en rumeur un silence a passé…
Pannyre aux talons d’or s’avance pour danser.
Un voile aux mille plis la cache tout entière.
D’un long trille d’argent la flûte la première
L’invite ; elle s’élance, entre-croise ses pas,
Et, du lent mouvement imprimé par ses bras,
Donne un rythme bizarre à l’étoffe nombreuse,
Qui s’élargit, ondule, et se gonfle et se creuse,
Et se déploie enfin en large tourbillon…
Et Pannyre devient fleur, flamme, papillon !
Tous se taisent ; les yeux la suivent en extase.
Peu à peu la fureur de la danse l’embrase.
Elle tourne toujours ; vite ! plus vite encore !
La flamme éperdument vacille aux flambeaux d’or !…
Puis, brusque, elle s’arrête au milieu de la salle ;
Et le voile qui tourne autour d’elle en spirale,
Suspendu dans sa course, apaise ses longs plis,
Et, se collant aux seins aigus, aux flancs polis,
Comme au travers d’une eau soyeuse et continue,
Dans un divin éclair, montre Pannyre nue.
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Albert SAMAIN
Albert Samain, né à Lille le 3 avril 1858, mort à Magny-les-Hameaux le 18 août 1900, est un poète symboliste français. Son père étant décédé alors qu’il n’avait que 14 ans, il dut interrompre ses études pour gagner sa vie et devint employé de commerce. Vers 1880, il fut envoyé à Paris, où il décida de rester.... [Lire la suite]
Jardin de sinople
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Sous les arbres d'un vert passé,
La fée d'argent voulut danser
Sans être cachée tout entière ;
Sous les arbres de la clairière.
Elle place un élégant pas
Tout en levant très haut ses bras ;
Les ondines sont là, nombreuses,
Emplissant la forêt ombreuse.
Un buisson (à peine s'il bouge)
Était couvert de feuilles rouges ;
Le vent les emporta, ce fol,
Et nous fit voir un petit troll.