Page blanche
Qu’écrire ? Vierge encor la page est sous mes doigts,
Prête à tout elle attend mon caprice. — Autrefois
La chantante élégie en mon cœur murmurée,
Source qui débordait de la vasque nacrée,
S’épanchait d’elle-même en vers doux et naïfs.
Les doutes, les soupçons, les aveux, flots furtifs
Qui jasent et s’en vont aux pentes inconnues,
S’échappaient nuit et jour en strophes ingénues ;
Le rêve, interrompu la veille, reprenait,
L’accent, confus d’abord, se répétait plus net,
Une larme coulait d’un sourire effacée ;
L’espérance passait légère, et ma pensée
S’égarait aux détours charmants du souvenir.
Maintenant, je n’ai plus de pleurs à retenir.
Plus de folle espérance à qui couper les ailes,
Plus d’angoisses traînant la colère après elles,
Plus d’effroi, de souci, d’amertume, plus rien !
Autrefois, les accords du grand musicien
Amour faisaient vibrer les cordes de mon âme ;
Maintenant, le foyer triste n’a plus de flamme,
Le musicien meurt, et l’instrument forcé
Ne rend plus qu’un son mat quand chante le passé.Août 18…
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Louisa SIEFERT
Louisa Siefert, née à Lyon le 1er avril 1845 et morte à Pau le 21 octobre 1877, est une poétesse française. Issue d’une famille protestante établie à Lyon, elle reçoit une éducation religieuse. Son père était originaire de Prusse et sa mère du canton de Thurgovie en Suisse. Son premier recueil de poèmes,... [Lire la suite]
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