Oraison du soir
Je vis assis, tel qu’un ange aux mains d’un barbier,
Empoignant une chope à fortes cannelures,
L’hypogastre et le col cambrés, une Gambier
Aux dents, sous l’air gonflé d’impalpables voilures.Tels que les excréments chauds d’un vieux colombier,
Mille Rêves en moi font de douces brûlures :
Puis par instants mon coeur triste est comme un aubier
Qu’ensanglante l’or jeune et sombre des coulures.Puis, quand j’ai ravalé mes rêves avec soin,
Je me tourne, ayant bu trente ou quarante chopes,
Et me recueille, pour lâcher l’âcre besoin :Doux comme le Seigneur du cèdre et des hysopes,
Je pisse vers les cieux bruns, très haut et très loin,
Avec l’assentiment des grands héliotropes.
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Arthur RIMBAUD
Arthur Rimbaud (Jean Nicolas Arthur Rimbaud) est un poète français, né le 20 octobre 1854 à Charleville, dans les Ardennes, et mort le 10 novembre 1891 à l’hôpital de la Conception à Marseille. Lycéen brillant et poète précoce, Arthur Rimbaud excelle dans les compositions latines, parmi lesquelles on trouve ses plus... [Lire la suite]
La littérature stadanale
j'y donnâ moi aussi, j'avoue...
jusqu'à vers 20 ans... J'aimais
dans Rimbaud 'Oraison du soir'
Car j'ai lu Rimbaud, oui ! tout !
Contrairement aux moutons qui le couvrent
de lauriers, habillent de lauriers
un sans doute indéfloutable flou
Campagne avec pour tout libraire
un coin du Centre Leclerc
à 20 bornes : on s'enferme avec les classiques,
si on aime pas les best sellers
Collectionneur
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Je parcours un recueil de poèmes anciens,
J’en apprécie le ton, j’en admire l’allure ;
Même, ils chantent en moi, silencieux musiciens,
Et me font voyager, tels de larges voilures.
Plus qu’un raisonnement aristotélicien,
D’un poète farceur m’enchante la parlure ;
Plus que les songes creux des métaphysiciens,
J’aime, d’un bref sonnet, la fine ciselure.
Je lis et je relis avec le plus grand soin,
Prenant parfois le temps d’avaler une chope ;
Je commente l’écrit, je réponds point par point
Sans user, toutefois, d’un trop fin microscope ;
Puis, des bardes qui m’ont fait naviguer au loin,
J’apporte le portait au grand trombinoscope.
Retouche au denier vers :
"le portrait"