Ode secrète
Chute superbe, fin si douce,
Oubli des luttes, quel délice
Que d’étendre à même la mousse
Après la danse, le corps lisse!Jamais une telle lueur
Que ces étincelles d’été
Sur un front semé de sueur
N’avait la victoire fêté!Mais touché par le Crépuscule,
Ce grand corps qui fit tant de choses,
Qui dansait, qui rompit Hercule,
N’est plus qu’une masse de roses!Dormez, sous les pas sidéraux,
Vainqueur lentement désuni,
Car l’Hydre inhérente au héros
S’est éployée à l’infini…Ô quel Taureau, quel Chien, quelle Ourse,
Quels objets de victoire énorme,
Quand elle entre aux temps sans ressource
L’âme impose à l’espace informe!Fin suprême, étincellement
Qui, par les monstres et les dieux,
Proclame universellement
Les grands actes qui sont aux Cieux!
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Paul VALÉRY
Ambroise Paul Toussaint Jules Valéry est un écrivain, poète, philosophe et épistémologue français, né à Sète (Hérault) le 30 octobre 1871 et mort à Paris le 20 juillet 1945. Né d’un père d’origine corse et d’une mère génoise, Paul Valéry entame ses études à Sète (alors orthographiée Cette) chez les... [Lire la suite]
Ornithocéros
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Il chante avec une voix douce,
Sa compagnie est un délice ;
Il fait un grand nid tout en mousse
Et, pendant quatre jours, le lisse.
Sitôt la première lueur,
Dès l'aube d'un long jour d'été,
Cet oiseau verse sa sueur
Pour finement le colmater.
Or, touché par le crépuscule,
Il ne peut plus faire grand-chose :
D'ailleurs, ce n'est pas un Hercule,
Ce n'est qu'un diable à langue rose !