Poème 'Ô vous, comme un qui boite au loin, Chagrins et Joies' de Paul VERLAINE dans 'Sagesse'

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Ô vous, comme un qui boite au loin, Chagrins et Joies

Paul VERLAINE
Recueil : "Sagesse"

Ô vous, comme un qui boite au loin, Chagrins et Joies,
Toi, coeur saignant d’hier qui flambes aujourd’hui,
C’est vrai pourtant que c’est fini, que tout a fui
De nos sens, aussi bien les ombres que les proies.

Vieux bonheurs, vieux malheurs, comme une file d’oies
Sur la route en poussière où tous les pieds ont lui,
Bon voyage ! Et le Rire, et, plus vielle que lui,
Toi, Tristesse, noyée au vieux noir que tu broies !

Et le reste ! – Un doux vide, un grand renoncement,
Quelqu’un en nous qui sent la paix immensément,
Une candeur d’âme d’une fraîcheur délicieuse…

Et voyez ! notre coeur qui saignait sous l’orgueil,
Il flambe dans l’amour, et s’en va faire accueil
À la vie, en faveur d’une mort précieuse !

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Commentaires

  1. Navire au loin
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    Un pavillon qui se déploie,
    Vieux marins, par le soleil cuits ;
    Nef, comme un gibier qui s’enfuit,
    En mer sont des vaisseaux de proie.

    À bord, douze filles de joie,
    Diablesses dont le regard luit ;
    Le capitaine veut, pour lui,
    Du rhum où le tourment se noie.

    Pour équiper ce bâtiment
    Il s’est endetté gravement
    Envers ses quelques amoureuses.

    Il ne franchira plus leur seuil,
    De crainte d’un mauvais accueil ;
    Son âme en est bien malheureuse.

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