Ô toi, Rose moussue…
Ô toi, Rose moussue et blonde, à tes oreilles,
Que mes vers chantent comme un murmure d’abeilles.Que mon regard, vers toi glisse comme la Nuit
Qui glisse et qui t’endort sous l’or dont elle luit !Que je te charme en invocations très douces,
— Comme les chants de la rosée au fond des mousses !Quand tu voudras mon cœur pour t’amuser, je veux
Qu’il soit comme une fleur de sang dans tes cheveux !Lorsque je pleurerai, je veux, ô petite oie,
Que tu prennes mes cris pour des accès de joie,Et, lorsqu’on me mettra dans l’ombre du cercueil,
Que ta dernière larme embellisse ton œil,Pour que ceux qui vivront, en te voyant plus belle,
Admirent dans ma mort ta jeunesse immortelle.
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Francis JAMMES
Francis Jammes (prononcer [jam] et non [djèms]), né à Tournay (Hautes-Pyrénées) le 2 décembre 1868 et mort à Hasparren (aujourd’hui Pyrénées-Atlantiques) le 1er novembre 1938, est un poète français, également romancier, dramaturge et critique. Il passa la majeure partie de son existence dans le Béarn et le Pays basque,... [Lire la suite]
Rose qui n'a point d'oreille
Ne peut entendre une abeille ;
Ni ne peut voir, dans la nuit,
La froide lune qui luit.
La vie lui est pourtant douce
Comme est aux pierres la mousse ;
Elle a tout ce qu'elle veut
(C'est quelqu'un qui vit de peu),
Ni sous le chagrin ne ploie,
Ni ne danse dans la joie ;
Et quand vient le temps du deuil,
N'a jamais de larme à l'oeil,
Rose qui un jour fut belle
N'a cure d'être immortelle.