Ô jeunesse
Ô jeunesse voici que les noces s’achèvent
Les convives s’en vont des tables du banquet
Les nappes sont tachées de vin et le parquet
Est blanchi par les pas des danseurs et des rêvesUne vague a roulé des roses sur la grève
quelque amant malheureux jeta du haut du quai
Dans la mer en pleurant reliques et bouquets
Et les rois ont mangé la galette et la fèveMidi flambant fait pressentir le crépuscule
Le cimetière est plein d’amis qui se bousculent
que leur sommeil soit calme et leur mort sans rigueurMais tant qu’il restera du vin dans les bouteilles
qu’on emplisse mon verre et bouchant mes oreilles
J’écouterai monter l’océan dans mon cœur.
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Robert DESNOS
Robert Desnos est un poète français, né le 4 juillet 1900 à Paris et mort du typhus le 8 juin 1945 au camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie à peine libéré du joug de l’Allemagne nazie. Autodidacte et rêvant de poésie, Robert Desnos est introduit vers 1920 dans les milieux littéraires modernistes et... [Lire la suite]
Festin de Robert
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Robert se tient parmi les litres qu'on achève,
C'est de la poésie qu'il apporte au banquet ;
Un rayon de soleil qui joue sur le parquet
Semble aux joyeux buveurs être issu de leurs rêves.
Aux fenêtres, la Seine illumine ses grèves
Ainsi que les étals des libraires du quai ;
La reine de la fête a fait faire un bouquet
Pour offrir à celui qui trouvera la fève.
Tu rougis nos boissons, précoce crépuscule ;
Tu rougis la taverne où les gens se bousculent,
Mais aucun de ceux-là ne t'en tiendra rigueur :
Car, auprès des tonneaux, subsistent des bouteilles
Qui, de leur tintement, font tinter nos oreilles,
Résonner notre rire et palpiter nos coeurs.
Amphore des chevaliers
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Les buveurs ont rejoint la table circulaire
Où vient les divertir un jongleur bondissant ;
Moi, j’offre à tout ce monde un élixir puissant
Qui permet aux humains d’oublier leurs galères.
Un chevalier, vois-tu, c’est un homme ordinaire,
N’attendons pas de lui des exploits fracassants ;
Plutôt que de combattre et de verser le sang,
Il s’attable et s’abreuve, usage millénaire.
À ses voisins de table il narre ses hauts faits,
Il en rajoute un peu, c’est du bon vin l’effet ;
Il émaille sa vie de triomphes sans nombre.
Lui qu’on vit chevaucher dans le soleil couchant,
Lui dont mélancolique et discret fut le chant,
Le voici tout gaillard, il n’a plus rien de sombre.