Ô délices d’amour ! et toi, molle paresse
Ô délices d’amour ! et toi, molle paresse,
Vous aurez donc usé mon oisive jeunesse !
Les belles sont partout. Pour chercher les beaux-arts,
Des Alpes vainement j’ai franchi les remparts :
Rome d’amours en foule assiége mon asile.
Sage vieillesse, accours ! Ô déesse tranquille,
De ma jeune saison éteins ces feux brûlants,
Sage vieillesse ! Heureux qui dès ses premiers ans
A senti de son sang, dans ses veines stagnantes,
Couler d’un pas égal les ondes languissantes ;
Dont les désirs jamais n’ont troublé la raison ;
Pour qui les yeux n’ont point de suave poison ;
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Qui, s’il regarde et loue un front si gracieux,
Ne le voit plus sitôt qu’il a fermé les yeux !
Doux et cruels tyrans, brillantes héroïnes,
Femmes, de ma mémoire habitantes divines,
Fantômes enchanteurs, cessez de m’égarer.
Ô mon coeur ! ô mes sens ! laissez-moi respirer ;
Laissez-moi dans la paix et l’ombre solitaire
Travailler à loisir quelque oeuvre noble et fière
Qui, sur l’amas des temps propre à se maintenir,
Me recommande aux yeux des âges à venir.
Mais non ! j’implore en vain un repos favorable ;
Je t’appartiens, Amour, Amour inexorable !(inachevé)
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André CHÉNIER
André Marie de Chénier, dit André Chénier, né le 30 octobre 1762 à Constantinople et mort guillotiné le 25 juillet 1794 à Paris, est un poète français. Il était le fils de Louis de Chénier. Né à Galata (Constantinople) d’une mère grecque (Elisabeth Lomaca) et d’un père français, Chénier passe quelques années à... [Lire la suite]
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Plume vieillissante
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De ce bel instrument, suis-je toujours armé ?
Ne puis-je l’oublier en ma pâle vieillesse
Et laisser s’amuser la nouvelle jeunesse ?
Car à chenu vieillard ne convient s’escrimer :
Oui, mais comment parler de ce que j’ose aimer
Si ce n’est en guidant la plume en sa finesse ?
Ces pages ne sont pas un organe de presse,
Mais j’apprécie le sens que j’y peux enfermer.
Les mots qui sont issus de cette main ridée,
Qui conjuguent l’ancienne et la nouvelle idée,
Ce sont les bons enfants que j’ai dans ma maison ;
Je ne les requiers pas pour servir ma défense,
Mais pour renouveler les plaisirs de l’enfance
Qui rit d’apprivoiser des êtres de raison.