Poème 'Nuitamment' de Jules LAFORGUE dans 'L'Imitation de Notre-Dame la Lune'

Nuitamment

Jules LAFORGUE
Recueil : "L'Imitation de Notre-Dame la Lune"

Ô Lune, coule dans mes veines
Et que je me soutienne à peine,

Et croie t’aplatir sur mon cœur !
Mais, elle est pâle à faire peur !

Et montre par son teint, sa mise,
Combien elle en a vu de grises !

Et ramène, se sentant mal,
Son cachemire sidéral,

Errante Delos, nécropole,
Je veux que tu fasses école ;

Je te promets en ex-voto
Les Putiphars de mes manteaux !

Et tiens, adieu ; je rentre en ville
Mettre en train deux ou trois idylles,

En m’annonçant par un Péan
D’épithalame à ton Néant.

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Commentaires

  1. Sagesse d’un hexapode
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    La parole sacrée circule dans ses veines ;
    Sa voix la restitue par envolées soudaines.

    Son discours peut toucher l’esprit, l’âme et le coeur,
    Faisant ressusciter nos ancestrales peurs.

    Ce prêcheur constitue, à lui seul, une Église,
    Il est ambassadeur de la Terre Promise.

    Devant lui, forcément, l’auditeur se sent mal,
    Pouvant toucher du doigt le vide sidéral ;

    Fréquentant les jardins, les cours, les nécropoles,
    Ce fort prédicateur les transforme en écoles.

    Mais, ce qui gâche un peu ses dehors de géant,
    C’est qu’on le sent, parfois, bien gonflé de néant.

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