N’ayez plus, mes amis, n’ayez plus ceste envie
N’ayez plus, mes amis, n’ayez plus ceste envie
Que je cesse d’aimer ; laissés moi, obstiné,
Vivre et mourir ainsi, puisqu’il est ordonné :
Mon amour, c’est le fil auquel se tient ma vie.Ainsi me dict la fee ; ainsi en Aeagrie,
Elle feit Meleagre à l’amour destiné,
Et alluma la souche à l’heure qu’il fust né,
Et dict : » Toy et ce feu, tenez vous compagnie. »Elle le dict ainsi, et la fin ordonnee
Suyvit apres le fil de ceste destinee.
La souche (ce dict on) au feu fut consommee.Et des lors (grand miracle), en un mesme momant,
On veid, tout à un coup, du miserable amant
La vie et le tison s’en aller en fumee.
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Etienne de LA BOETIE
Étienne de La Boétie, né à Sarlat le 1er novembre 1530 et mort à Germignan, dans la commune du Taillan-Médoc, près de Bordeaux le 18 août 1563, était un écrivain français. Fils d’un lieutenant particulier du sénéchal du Périgord, et d’une famille de magistrats, Étienne de la Boétie grandit dans un milieu éclairé.... [Lire la suite]
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- N'ayez plus, mes amis, n'ayez plus ceste... (2)
- Je voy bien, ma Dourdouigne, encor humble tu... (2)
Ambicrocodile
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C’est l'ambicrocodile, il aurait bien envie
D'être aimé d’Aphrodite ; et ce monstre obstiné.
Ne reste point au rang qui lui fut ordonné ;
À la vouloir séduire il consacre sa vie.
Longtemps demeurera sa quête inassouvie,
À de telles amours il n'est pas destiné.
Si dans la peau d'Arès il était plutôt né,
Peut-être la déesse eût-elle été ravie.
Chaque fois qu'il en parle, un corbeau familier,
S’en va, mauvais plaisant, rejoindre l’atelier
Du lourd Héphaïstos, dont l'âme est consumée
D'un feu de jalousie qui brûle à tout moment ;
Et dans maint hôpital s'en souvient un amant
Dont le stupide espoir est parti en fumée.
Fructification miraculeuse
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Ce plaisant fruit nous fait envie,
Mais ne soyons pas obstinés ;
Car, s’il ne nous est pas donné,
Dionysos ailleurs nous convie.
Une fringale inassouvie,
Nous n’en serons guère peinés ;
Comme le disent nos aînés,
Il faut faire avec, c’est la vie.
Cueillons d’autres fruits, par milliers,
De ceux qui nous sont familiers ;
Notre pitance accoutumée.
Rien ne sert d’être fort gourmands ;
Nous résisterons sobrement
À la tentation parfumée.