Musique
Une lente voix murmure
Dans la verte feuillaison ;
Est-ce un rêve ou la nature
Qui réveille sa chanson ?
Cette voix dolente et pure
Glisse le long des rameaux :
Si fondue est la mesure
Qu’elle se perd dans les mots,
Si douces sont les paroles
Qu’elles meurent dans le son
Et font sous les feuilles molles
Un mystère de chanson.Ô lente voix réveillée
Qui caresse la feuillée
Comme la brise et le vent ;
Voix profondes de la vie
Et de l’âme réunies
Qui murmurez en rêvant.
Une forme s’effaçant
Dont les gestes nus et blancs
Flottent dans l’ombre légère
Sous un rideau de fougères
Semble exhaler à demi
De ses lèvres entr’ouvertes
Un chant de silence aussi
Berceur que les branches vertes.À peine si le murmure
De la muette chanson
Poursuit sa note et s’épure
Dans la douce feuillaison ;
Et la main passe en silence
Sur la tige d’un surgeon
Dont le rythme fin balance
Les branches de ce vallon.
Ô musique qui t’envoles
Sur les papillons glissants
Et dans la plainte du saule
Et du ruisseau caressant !Passe, chant grêle des choses,
Coule, aile fluide qui n’ose
Peser sur l’azur pâli,
Sur les rameaux endormis ;
Efface-toi, chant de l’âme
Où se mêlent des soupirs
Dans la fuite molle et calme
Des voix qu’on ne peut saisir.1910
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Cécile SAUVAGE
Cécile Sauvage, « poétesse de la maternité » née à La Roche-sur-Yon (1883-1927), est un écrivain français, épouse de Pierre Messiaen et mère d’Alain et d’Olivier Messiaen qu’elle éleva, selon ce dernier, dans un « univers féerique ». Elle vécut la majeure partie de sa vie à Saint-Étienne. De 1888 à 1907,... [Lire la suite]
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Ambicigogne
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J’aime l’ambicigogne et sa double chanson,
Je l’entendais, d’ailleurs, au jardin, tout à l’heure ;
Comme un bon musicien qui les notes effleure,
Elle nous fait goûter la finesse des sons.
Elle n’est point de ceux qui pour l’hiver s’en vont,
Ne voulant point voler très loin de sa demeure ;
Elle arpente les champs où les insectes meurent,
Au long de nos chemins parfois nous l’observons.
Que dit-elle de nous, que sommes-nous pour elle ?
Voudrait-elle savoir si nous la trouvons belle ?
Toujours je m’interroge, en la voyant passer.
Elle invente des airs, sans jamais se lasser ;
Ceux qui sont très anciens tendent à s’effacer,
Car elle a plus de goût pour les choses nouvelles.