Mon Dieu, que je voudrois que ma main fust oisive
Mon Dieu, que je voudrois que ma main fust oisive,
Quema bouche et mes yeux reprissent leur devoir.
Escrire est peu : c’est plus de parler et de voir
De ces deux oeuvres l’une est morte et l’autre vive.
Quelque beau trait d’amour que nostre main escrive,
Ce sont tesmoins muets qui n’ont pas le pouvoir
Ni le semblable poix, que l’oeil pourroit avoir
Et de nos vives voix la vertu plus naïve.
Mais quoy : n’estoyent encor ces foibles estançons
Et ces fruits mi rongez dont nous le nourrissons
L’Amour mourroit de faim et cherroit en ruine :
Escrivons attendant de plus fermes plaisirs,
Et si le temps domine encor sur nos desirs,
Faisons que sur le temps la constance domine.
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Jean de SPONDE
Jean de Sponde (Joanes Ezponda, en basque), né en 1557 à Mauléon (Pays Basque) et mort le 18 mars 1595 à Bordeaux, est un poète baroque français. Né dans une famille liée à la cour de Navarre, élevé dans un milieu protestant et austère, brillant élève, il reçoit de Jeanne d’Albret, mère de Henri IV, une bourse... [Lire la suite]
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Sagesse de l’isard bizarre
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Je suis proche du ciel, moi dont l’âme est oisive,
Nulle nécessité ne dicte mon devoir ;
Je ne fais que rêver à d’étranges savoirs
Et cette songerie ne peut être nocive.
Il m’est indifférent qu’un rimailleur décrive
Les fantômes obscurs que je peux concevoir ;
Les textes sont sur moi dépourvus de pouvoir,
De telles entités volontiers je me prive.
Je n’aime point les rois, j’aime les échansons ;
Avant la beuverie, eux et moi, nous dansons,
En ces moments festifs notre bonheur culmine.
Je suis l’isard bizarre, un être de plaisir ;
Rustique est mon logis, simples sont mes désirs,
Et pas très encombrants, puisque je les domine.