Mon dernier poème
J’ai peint des terres désolées
et les hommes sont fatigués
de la joie toujours éloignée.
J’ai peint des terres désolées
où les hommes ont leurs palais.J’ai peint des cieux toujours pareils,
la mer qui a tous les bateaux,
la neige, le vent et la pluie.
J’ai peint des cieux toujours pareils
Où les hommes ont leurs palais.J’ai usé les jours et les jours
de mon travail, de mon repos.
Je n’ai rien troublé. Bienheureux,
ne demandez rien et j’irai
frapper à la porte du feu.1917
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Paul ÉLUARD
Paul Éluard, de son vrai nom Eugène Émile Paul Grindel (14 décembre 1895 à Saint-Denis – 18 novembre 1952 à Charenton-le-Pont ), est un poète français. C’est à l’âge de vingt et un ans qu’il choisit le nom de Paul Éluard, hérité de sa grand-mère, Félicie. Il adhère au dadaïsme et est l’un des... [Lire la suite]
Château d’inframonde
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En ce tiède inframonde, il n’est pas de sommeil,
Les démons sont actifs dans leur château d’ivoire ;
Un ténébreux serpent de sinistre mémoire
Se souvient d’un beau fruit mûrissant au soleil.
Aux quartiers de banlieue l’inframonde est pareil ;
Je pourrais donc y vivre, ou bien, je veux le croire,
Car je suis familier de ces décors sans gloire
Issus d’un rêve noir sans espoir de réveil.
J’écoute les leçons d’une démone blonde
Qui veut mettre en repos mon âme vagabonde,
La noirceur du décor se reflète en ses yeux.
Je n’ai pas de regrets, ma vie ne fut qu’un songe
Et puisque je l’écris, ce n’est pas un mensonge ;
On dit la vérité, souvent, quand on est vieux.
Manoir d’Aquitaine
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Sur ce lieu règne le Sommeil,
Logis de chevaliers sans gloire ;
Pauvre sens et pauvre mémoire,
C’est un dénuement sans pareil.
Mais dans leur cave, un vin vermeil
Leur procure un peu de quoi boire ;
Ils en oublient tous leurs déboires,
C’est comme un rayon de soleil.
Dans leur verger les fruits abondent,
Pas besoin de courir le monde ;
Pas besoin de voir d’autres cieux.
Si l’existence n’est qu’un songe,
Oublions-la, passons l’éponge,
Alors nous n’en irons que mieux.
Maître Hippotaure
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Le calme règne sur mes terres,
Chacun s’y sent comme chez soi ;
Nul n’y transgresse aucune loi,
En taverne on s’y désaltère.
Modestes sont les dignitaires,
Assidus aux lieux où l’on boit ;
Leur pouvoir n’est pas d’un grand poids,
Leur quotidien n’est pas austère.
Nous goûtons le plaisir d’amour
Au son du luth des troubadours ;
C’est merveilleux, c’est un délice.
La tristesse, il faut la bannir,
Il faut éloigner ce calice ;
Le mal, il faut s’en abstenir.